Je suis,
chaque dimanche, impressionné par la qualité des commentaires de Marie-Noëlle Thabut sur les textes que nous propose la liturgie du jour.
Ces commentaires, trouvés sur le site "Eglise catholique en France",
permettent à toute personne de bonne volonté, chrétienne ou non, de mieux comprendre la Bible, le livre le plus diffusé au monde. Notamment, en
Je souhaite arriver à mettre ici, chaque dimanche, les commentaires de Marie-Noëlle Thabut. Ma seule contribution consiste à surligner les passages qui me semblent les plus enrichissants et à écrire en rouge ceux qui parlent d'un thème qui m'est
cher : la liberté (trois autres pages de mon blog sont consacrées à ces passages des Evangiles, du reste du Nouveau Testament ou de l'Ancien Testament qui parlent de la liberté)
Version audio, trouvée sur le site de Radio-Notre-Dame
PREMIERE LECTURE - Actes 15, 1-2. 22-29
1 Certaines gens venus de Judée
voulaient endoctriner les frères d'Antioche
en leur disant :
« Si vous ne recevez pas la circoncision
selon la loi de Moïse,
vous ne pouvez pas être sauvés. »
2 Cela provoqua un conflit et des discussions assez graves
entre ces gens-là
et Paul et Barnabé.
Alors on décida que Paul et Barnabé,
avec quelques autres frères,
monteraient à Jérusalem auprès des
Apôtres et des Anciens
pour discuter de cette question.
22 Finalement, les
Apôtres et les Anciens
décidèrent, avec toute l'Eglise,
de choisir parmi eux
des hommes qu'ils enverraient à Antioche avec Paul et Barnabé.
C'étaient des hommes
qui avaient de l'autorité parmi les frères ;
Jude (appelé aussi Barsabbas), et Silas.
23 Voici la lettre qu'ils leur confièrent :
« Les
Apôtres et les Anciens saluent fraternellement
les païens convertis, leurs frères,
qui résident à Antioche, en Syrie et en Cilicie.
24 Nous avons appris que quelques-uns des nôtres,
sans aucun mandat de notre part,
sont allés tenir des propos
qui ont jeté chez vous le trouble et le désarroi.
25 Nous avons décidé à l'unanimité
de choisir des hommes que nous enverrions chez vous,
avec nos frères bien-aimés Barnabé et Paul,
26 qui ont consacré leur vie
à la cause de Notre Seigneur Jésus-Christ.
27 Nous vous envoyons donc Jude et Silas
qui vous confirmeront de vive voix ce qui suit :
28 L'
Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé
de ne pas faire peser sur vous d'autres obligations
que celles-ci, qui s'imposent :
29 vous abstenir de manger
des aliments offerts aux idoles,
du sang,
ou de la viande non saignée,
et vous abstenir des unions illégitimes.
En évitant cela, vous agirez bien.
Courage ! »
Dans la primitive Eglise, membre de la communauté chargé de l'annonce de l'Evangile.
Troisième personne de la Trinité.
Nous avons déjà entendu parler de la communauté d'Antioche de Syrie dans les textes des dimanches précédents... aujourd'hui, nous la trouvons affrontée à une crise grave : on est vers 50 ap
J.C. ; dès le début, à Antioche, il y a eu des chrétiens d'origine juive et des chrétiens d'origine païenne ; mais peu à peu, entre eux, la cohabitation est devenue de plus en plus difficile :
leurs modes de vie sont trop différents. Non seulement, les chrétiens d'origine juive sont circoncis et considèrent comme des païens ceux qui ne le sont pas ; mais plus grave encore, tout les
oppose dans la vie quotidienne, à cause de
la multiplicité des pratiques juives auxquelles les chrétiens d'origine païenne n'ont aucune envie de
s'astreindre : de nombreuses règles de purification, d'ablutions et surtout des règles très strictes concernant la nourriture.
Et voilà qu'un jour des chrétiens d'origine juive sont venus tout exprès de Jérusalem pour envenimer la querelle en expliquant qu'on ne doit admettre au
baptême chrétien que des juifs ;
concrètement, les païens sont priés de se faire juifs d'abord, (circoncision comprise) avant de devenir chrétiens.
Derrière cette querelle, il y a au moins trois enjeux : premièrement, faut-il viser l'uniformité ? Pour vivre l'unité, la communion, faut-il avoir les
mêmes idées, les mêmes rites, les mêmes pratiques ?
Le deuxième enjeu est une question de fidélité : tous ces chrétiens, de toutes origines, souhaitent rester fidèles à Jésus-Christ, c'est évident !... Mais, concrètement,
en quoi consiste la fidélité à Jésus-Christ ? Jésus-Christ lui-même était juif et circoncis : cela veut-il dire que pour devenir chrétien il faut d'abord devenir
juif comme lui ?
Il est vrai aussi que les tout premiers chrétiens sont tous des Juifs.
Puisque les
apôtres choisis par le Christ étaient tous juifs... et même, pour aller
plus loin, ils étaient tous originaires de Galilée... On ne va pas restreindre l'annonce de l'
Evangile aux Galiléens pour autant... c'est une évidence !
On ne va pas la restreindre aux Juifs de naissance, non plus... d'ailleurs, la question est déjà tranchée à Antioche. Certains chrétiens sont d'origine païenne, on l'a déjà vu. Mais ces
chrétiens d'origine païenne, peut-être faudrait-il les initier d'abord au judaïsme pour ensuite en faire des chrétiens ? Et donc, certains vont dire que pour être fidèle à Jésus-Christ, il faut
n'accepter parmi les chrétiens que des pratiquants de la religion juive : concrètement, cela veut dire qu'on accepterait de baptiser des païens, mais à condition qu'ils adhèrent d'abord à la
religion juive et qu'ils se fassent circoncire.
Oui, mais on peut tenir un autre raisonnement : Jésus-Christ a agi de telle manière, dans les circonstances où il se trouvait ; dans d'autres circonstances, il aurait agi différemment ; par
exemple, lui qui était galiléen s'est entouré de Galiléens, mais ce n'est pas une condition pour devenir chrétien.
La décision prise à l'époque, à Jérusalem, nous venons de le lire, adoptera cette deuxième façon de voir : ê
tre fidèle à Jésus-Christ ne veut pas dire
forcément reproduire un modèle figé. Pour le dire autrement, fidélité n'est pas répétition : quand on étudie l'histoire de l'Eglise, on est émerveillé justement de la faculté d'adaptation
qu'elle a su déployer pour rester fidèle à son Seigneur à travers les fluctuations de l'histoire !
Enfin, il y a un troisième enjeu, plus grave encore : le salut est-il donné par Dieu sans conditions, oui ou non ? « Si vous ne recevez pas la circoncision, vous ne pouvez pas être sauvés »,
c'est ce qu'on commence à entendre dire à Antioche : cela voudrait dire que Dieu lui-même ne peut pas sauver des non-Juifs... cela voudrait dire que c'est nous qui décidons à la place de Dieu
qui peut ou ne peut pas être sauvé... cela voudrait dire enfin que la foi en Jésus-Christ ne suffit pas ? Mais pourtant Jésus lui-même a bien dit « celui qui croira et sera baptisé sera sauvé »
; il n'a pas ajouté qu'il fallait en plus être Juif pratiquant et circoncis... et puis, par définition, la
grâce, c'est gratuit ! Nous ne pouvons pas ajouter par nous-mêmes des
conditions à la
grâce de Dieu.
On sait la fin de l'histoire ; les
Apôtres prennent une double décision :
les chrétiens d'origine juive ne doivent pas imposer la circoncision et les pratiques juives aux chrétiens d'origine païenne ; mais de l'autre côté,
les chrétiens d'origine païenne, par respect pour leurs frères d'origine juive, s'abstiendront de ce qui pourrait troubler la vie commune, en particulier pour les repas. Il est très intéressant
de remarquer qu'on n'impose à la communauté chrétienne que les règles qui permettent de maintenir la communion fraternelle. C'est sûrement la meilleure manière d'être vraiment fidèle à
Jésus-Christ : lui qui a dit
« c'est à l'amour que vous aurez les uns pour les autres que l'on vous reconnaîtra pour mes disciples » (Jn 13,
35).
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Compléments
Ces questions autour de la circoncision et des pratiques de la loi juive peuvent paraître d'un autre âge : sommes-nous vraiment concernés ?
Oui, car la question de fond autour de la
grâce est toujours d'actualité ; nous avons toujours besoin de nous
réentendre dire que la
grâce est gratuite : c'est le sens même de ce mot ! Cela veut dire que
Dieu ne fait jamais de comptes avec nous !
Dans la primitive Eglise, membre de la communauté chargé de l'annonce de l'Evangile.
Fait entrer le nouveau baptisé dans la communauté de l'Église.
Celles et ceux qui ont suivi et qui suivent Jésus Christ.
Nouvelle du salut annoncée aux hommes par Jésus.
Bienveillance de Dieu pour les hommes.
Ensemble des règles fixant le déroulement d'un cérémonial.
PSAUME 66 ( 67 )
Que Dieu nous prenne en
grâce et nous bénisse,
que son visage s'illumine pour nous :
et ton chemin sera connu sur la terre,
Que les peuples, Dieu, te rendent
grâce :
qu'ils te rendent
grâce tous ensemble !
Que les nations chantent leur joie,
car tu gouvernes les peuples avec droiture,
sur la terre, tu conduis les nations.
Que les peuples, Dieu, te rendent
grâce :
qu'ils te rendent
grâce tous ensemble !
La terre a donné son fruit :
Dieu, notre Dieu, nous bénit.
Que Dieu nous bénisse,
et que la terre tout entière l'adore !
Bienveillance de Dieu pour les hommes.
La
liturgie de ce sixième dimanche ne nous propose qu'une partie de ce
psaume, ce qui le rend moins compréhensible ; mais comme il est très court, j'ai pris la liberté de le reproduire en entier : il faut nous imaginer à une grande célébration au Temple de
Jérusalem : à la fin de la cérémonie, les
prêtres bénissent l'assemblée de manière très solennelle. Et les
fidèles répondent : « Que les peuples, Dieu, te rendent
grâce ; qu'ils te rendent
grâce tous ensemble ! »
C'est pour cela que ce psaume se présente comme une alternance entre les phrases des
prêtres et les réponses de l'Assemblée qui ressemblent à des refrains.
Les phrases des
prêtres elles-mêmes s'adressent tantôt à l'assemblée, tantôt à Dieu :
cela nous désoriente toujours un peu, mais c'est très habituel dans la
Bible.
Au passage, vous avez reconnu la première phrase de bénédiction des prêtres : « Que Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse, que
son visage s'illumine pour nous » ; elle reprend exactement un texte très célèbre du livre des Nombres : « Le Seigneur dit à Moïse : voici comment Aaron et ses descendants béniront les fils
d'Israël ; que le Seigneur te bénisse et te garde ! Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu'il se penche vers toi ! Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu'il t'apporte la
paix !... C'est ainsi que mon nom sera prononcé sur les fils d'Israël et moi, je les bénirai. » (Nb 6, 24-26). C'est la première lecture du 1er janvier de chaque année. Pour un 1er janvier,
jour des voeux, c'est le texte idéal ! On ne peut pas formuler de plus beaux voeux de bonheur.
Et au fond, une bénédiction, c'est cela, des voeux de bonheur ! (c'est ce choix d'une formule de bénédiction pour la lecture du 1er janvier qui nous permet de comprendre le sens du mot «
bénédiction »).
J'ai dit « voeux de bonheur » ; et effectivement, les bénédictions sont toujours des formules au subjonctif : « que Dieu vous bénisse, que Dieu vous garde ... » ; cela me rappelle toujours une
petite histoire : une jeune femme que je connais était malade, à l'hôpital ; le dimanche, quand un
prêtre ami est venu lui apporter la communion, il a accompli le
rite comme
il est prévu et, donc, à la fin il lui a dit : « que Dieu vous bénisse » et elle, sans réfléchir et sans se contenir (mais, à l'hôpital, on a des excuses ! ) a répondu en riant : « mais
qu'est-ce que vous voulez qu'il fasse d'autre ! » Bienheureuse spontanéité : notre petite dame a fait ce jour-là une grande découverte : c'est vrai : Dieu ne sait que nous bénir, que nous
aimer, que nous combler à chaque instant. Et quand le
prêtre (que ce soit au temple de Jérusalem ou à l'hôpital, ou dans nos
églises), quand le
prêtre dit « que Dieu vous bénisse », cela ne veut évidemment pas dire
que Dieu pourrait ne pas nous bénir ! Le souhait est de notre côté si j'ose dire : c'est-à-dire ce qui est souhaité c'est que nous entrions dans cette bénédiction de Dieu qui, elle, est sans
cesse offerte...
Ou bien, quand le
prêtre dit « Le Seigneur soit avec vous », c'est la même chose : le
Seigneur EST toujours avec nous...
mais ce subjonctif « SOIT » dit notre liberté : c'est nous qui ne sommes pas toujours avec lui. De la même manière, quand
le
prêtre dit « Que Dieu vous pardonne », nous savons bien que Dieu nous
pardonne sans cesse : à nous d'accueillir le pardon, d'entrer dans la
réconciliation qu'il nous propose.
Du côté de Dieu, si l'on peut dire, les voeux de bonheur à notre égard sont permanents. Vous connaissez la phrase de Jérémie : « Moi, je sais les projets que j'ai formés à votre sujet, dit le
Seigneur, projets de prospérité et non de malheur, je vais vous donner un avenir et une
espérance. » (Jr 29, 11). Puisque Dieu est Amour, toutes les
pensées qu'il a sur nous ne sont que des voeux de bonheur.
Autre piste pour comprendre ce qu'est une bénédiction au sens biblique : je reviens au texte du livre des Nombres que je lisais tout à l'heure et qui ressemble si fort à notre psaume
d'aujourd'hui : « Que le Seigneur te bénisse et te garde... » ; la première phrase du même texte disait : « le Seigneur dit à Moïse : voici comment Aaron et ses descendants béniront les fils
d'Israël » et la dernière phrase : « C'est ainsi que mon nom sera prononcé sur les fils d'Israël et moi, je les bénirai. »
Quand les
prêtres bénissent Israël de la part de Dieu, la
Bible dit : « ils prononcent le
NOM de Dieu sur les fils d'Israël « et même pour être plus fidèle encore, au texte biblique, il faudrait dire « ils METTENT le NOM de Dieu sur les fils d'Israël ».
Cette expression «
Mettre le NOM de Dieu sur les fils d'Israël » est aussi pour nous une définition du mot «
bénédiction ». On sait bien que, dans la
Bible, le nom, c'est la personne. Donc, être « mis sous le nom de Dieu »,
c'est être placé sous sa présence, sous sa protection, entrer dans sa présence, sa lumière, son amour. Encore une fois, tout cela nous est offert à chaque instant. Mais encore faut-il que nous
y consentions. C'est pour cela que toute formule de bénédiction prévoit toujours la réponse des fidèles. Quand le
prêtre nous bénit à la fin de la
Messe, par exemple, nous répondons « Amen » :
c'est notre accord, notre consentement.
Dans ce psaume d'aujourd'hui, la réponse des fidèles, c'est ce refrain « Que les peuples, Dieu, te rendent
grâce ; qu'ils te rendent
grâce tous ensemble ! » Je vois là une
superbe leçon d'universalisme ! Aussitôt qu'il entre dans la bénédiction de Dieu, le peuple élu répercute en quelque sorte la bénédiction qu'il accueille pour lui-même. Et le dernier verset est
une synthèse de ces deux aspects : « Que Dieu nous bénisse (sous-entendu, nous son peuple choisi ) ET que la terre tout entière l'adore ».
C'est dire que le peuple d'Israël n'oublie pas sa vocation, sa mission au service de l'humanité tout entière. Il sait que de sa fidélité à la bénédiction reçue gratuitement, par choix de Dieu,
dépend la découverte de l'amour et de la bénédiction de Dieu par l'humanité tout entière.
L'Ancien et le Nouveau Testament, avant et depuis Jésus-Christ.
Confiance dans les promesses du Christ.
Bienveillance de Dieu pour les hommes.
Culte public qui englobe l'ensemble de la prière de l'Eglise et les célébrations sacramentelles.
Célébration qui commémore le sacrifice du Christ.
Chrétien qui a reçu le sacrement de l'Ordre pour être signe du Christ pasteur.
Harmonie retrouvée. Acte par lequel Dieu pardonne au pécheur repentant.
Ensemble des règles fixant le déroulement d'un cérémonial.
DEUXIEME LECTURE - Apocalypse 21 , 10... 23
Moi, Jean, j'ai vu un ange
10 qui m'entraîna par l'esprit sur une grande et haute montagne ;
il me montra la cité sainte, Jérusalem,
qui descendait du ciel, d'auprès de Dieu.
11 Elle resplendissait de la gloire de Dieu,
elle avait l'éclat d'une pierre très précieuse,
comme le jaspe cristallin.
12 Elle avait une grande et haute muraille,
avec douze portes gardées par douze anges ;
des noms y étaient inscrits :
ceux des douze tribus des fils d'Israël.
13 Il y avait trois portes à l'orient,
trois au nord,
trois au midi,
et trois à l'occident.
14 La muraille de la cité reposait sur douze fondations
portant les noms des douze
Apôtres de l'Agneau.
22 Dans la cité, je n'ai pas vu de temple,
car son Temple,
c'est le Seigneur, le Dieu tout-puissant,
et l'Agneau.
23 La cité n'a pas besoin de la lumière du soleil ni de la lune,
car la gloire de Dieu l'illumine,
et sa source de lumière, c'est l'Agneau.
Dans la primitive Eglise, membre de la communauté chargé de l'annonce de l'Evangile.
Dimanche dernier, dans le texte qui nous était proposé, Jean disait qu'il avait vu de loin la Jérusalem nouvelle qui descendait du ciel ; il ne la décrivait pas ; il disait seulement : « la
cité sainte, la Jérusalem nouvelle, je la vis qui descendait du ciel, d'auprès de Dieu, prête comme une épouse qui s'est parée pour son époux ».
Cette fois, au contraire, Jean la décrit longuement : il est fasciné par la lumière qui s'en dégage. Une lumière telle qu'elle éclipse le rayonnement de la lune et même du soleil. La ville est
tellement resplendissante qu'elle ressemble à un bijou très brillant, une pierre précieuse qui chatoie à la lumière.
La raison de cette luminosité tout à fait extraordinaire, Jean nous la donne tout de suite : par deux fois il répète : « elle brille de la gloire même de Dieu », « la gloire de Dieu l'illumine
». Et ces deux affirmations sont l'une au début, l'autre à la fin de la description : ce qui veut dire que c'est l'élément le plus important. Nous avons déjà rencontré souvent ce procédé
littéraire qu'on appelle une « inclusion » et qui vise à mettre l'accent sur les phrases incluses justement entre la première et la dernière : ici donc, ce qui frappe Jean, c'est la gloire de
Dieu illuminant la cité sainte qui descend d'auprès de Dieu.
Jean est très bien placé pour sa contemplation car un ange l'a transporté sur une grande et haute montagne ; il tient Saint Jean par la main et il lui montre la ville de loin. Dans sa main
gauche, l'ange tient une baguette d'or : tout à l'heure, elle lui servira à mesurer les dimensions de la ville. Mais commençons par la regarder. Elle est carrée : comme le chiffre 4, le carré
est symbolique de ce qui est humain : il s'agit bien d'une ville construite de main d'homme. Et c'est cette ville, bien humaine, qui est illuminée de la gloire de Dieu, du rayonnement de la
présence de Dieu. Nous avons vu l'autre jour que, dans l'Apocalypse, le chiffre 3 évoque Dieu ; on n'est donc pas surpris que la description de la ville utilise abondamment un multiple de 3 et
4 : 12 ! Manière superbe de dire que l'action de Dieu se déploie dans cette oeuvre humaine.
A l'époque de Saint Jean on ne concevait pas de ville sans rempart : celle-ci en a : et ce n'est peut-être pas un hasard si la muraille de la ville est grande et haute comme la montagne :
classiquement, dans la
Bible, la montagne est le lieu de la rencontre avec Dieu.
Dans les remparts, 12 portes sont creusées , 12 portes qui ne se ferment jamais, si on en croit la suite du texte : car toute l'humanité doit pouvoir y entrer ; personne ne doit se heurter à
porte close ! 12 portes distribuées équitablement sur les 4 côtés du carré : 3 portes à l'Est, 3 au Nord, 3 au Sud, 3 à l'Ouest.
Les 12 portes sont gardées par 12 anges : et sur chacune des portes un nom est inscrit : celui d'une des 12 tribus d'Israël. Le peuple d'Israël a bien été choisi par Dieu pour être la porte par
laquelle toute l'humanité entrera dans la Jérusalem définitive.
La muraille repose sur des fondations : sur ces fondations les noms des 12
apôtres de l'Agneau : comme en architecture, il y a continuité entre
les fondations et les murs, il y a ici continuité entre les 12 tribus d'Israël et les 12
apôtres. Manière de dire que l'Eglise fondée par Jésus-Christ accomplit
bien le dessein de Dieu qui se déploie tout au long de l'histoire biblique.
Quand il pénètre dans la ville magnifique, Jean est tout surpris : le premier monument qu'il y cherche, c'est le temple : car la présence du temple dans la ville sainte était le rappel vivant
que Dieu ne quittait pas son peuple. Or ici Saint Jean nous dit « dans la cité, je n'ai pas vu de temple... » mais il n'est pas déçu : au contraire ; cela veut dire que désormais il n'y a plus
besoin de signe ou de rappel de la présence de Dieu, car Dieu lui-même est présent, visible au milieu de son peuple ; je reprends le texte : « Dans la cité, je n'ai pas vu de temple, car son
temple, c'est le Seigneur, le Dieu tout-Puissant et l'Agneau. » Et Jean continue : « La cité n'a pas besoin de la lumière du soleil ni de la lune, car la gloire de Dieu l'illumine, et sa source
de lumière, c'est l'Agneau. »
Quand on sait l'importance attachée par le livre de la Genèse, à la création de la lumière dès le premier jour : « Dieu dit
que la lumière soit et la lumière fut », l'affirmation de l'Apocalypse prend toute sa force : l'ancienne création a disparu : plus de soleil, plus de lune... Nous sommes dans la nouvelle
création. Désormais la présence de Dieu rayonne sur le monde par le Christ. « La cité n'a pas besoin de la lumière du soleil ni de la lune, car la gloire de Dieu l'illumine, et sa source de
lumière, c'est l'Agneau . »
Et pourtant Jérusalem a bien gardé son nom : c'est donc bien de la ville construite de main d'homme qu'il s'agit. Manière de dire que nos efforts pour collaborer au projet de Dieu sont utiles.
Ils feront partie de la nouvelle création ; notre oeuvre humaine ne sera pas détruite mais transformée par Dieu.
Les premiers destinataires de l'Apocalypse, en butte à la persécution romaine à la fin du premier siècle, avaient bien besoin d'entendre ces paroles de victoire. Vingt siècles plus tard, en
France tout au moins, nous ne craignons plus les mêmes persécutions, mais nous avons bien besoin de raviver notre
espérance : et, en particulier,
nous avons bien besoin de nous entendre dire que la Jérusalem céleste commence avec nos humbles efforts d'aujourd'hui .
Dans la primitive Eglise, membre de la communauté chargé de l'annonce de l'Evangile.
L'Ancien et le Nouveau Testament, avant et depuis Jésus-Christ.
Confiance dans les promesses du Christ.
Origines du monde et début de l'action de Dieu parmi les hommes.
EVANGILE - Jean 14, 23-29
A l'heure où Jésus passait de ce monde à son Père,
il disait à ses
disciples :
23 « Si quelqu'un m'aime,
il restera fidèle à ma parole ;
mon Père l'aimera,
nous viendrons chez lui,
nous irons demeurer auprès de lui.
24 Celui qui ne m'aime pas
ne restera pas fidèle à mes paroles.
Or, la parole que vous entendez
n'est pas de moi :
elle est du Père qui m'a envoyé.
25 Je vous dis tout cela
pendant que je demeure encore avec vous ;
26 mais le Défenseur,
l'
Esprit
Saint que le Père enverra en mon nom,
lui, vous enseignera tout,
et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit.
27 C'est la paix que je vous laisse,
c'est ma paix que je vous donne ;
ce n'est pas à la manière du monde que je vous la donne.
Ne soyez donc pas bouleversés et effrayés.
28 Vous avez entendu ce que je vous ai dit :
Je m'en vais,
et je reviens vers vous.
Si vous m'aimiez, vous seriez dans la joie
puisque je pars vers le Père,
car le Père est plus grand que moi.
29 Je vous ai dit toutes ces choses maintenant,
avant qu'elles n'arrivent ;
ainsi, lorsqu'elles arriveront, vous croirez. »
Celles et ceux qui ont suivi et qui suivent Jésus Christ.
Troisième personne de la Trinité.
Nous sommes dans les toutes dernières heures de la vie de Jésus, juste avant la Passion : l'heure est grave... on devine l'angoisse des derniers moments ; on la lit à travers les lignes, puisque,
à plusieurs reprises, Jésus dit à ses disciples des paroles d'apaisement : « Ne soyez donc pas bouleversés et
effrayés » ; au début de ce chapitre, déjà, il avait dit « que votre coeur ne se trouble pas » (v. 1). Ce long discours de Jésus a été interrompu par plusieurs questions des apôtres : des
questions qui disaient leur angoisse, leur incompréhension.
Mais, curieusement, lui, au contraire, reste très serein : ici, comme tout au long de la Passion, Jean nous décrit Jésus comme souverainement libre ; c'est lui qui rassure ses disciples et non l'inverse ! Il annonce
lui-même ce qui va se passer : « Je vous ai dit toutes ces choses maintenant, avant qu'elles n'arrivent ; ainsi, quand elles arriveront, vous croirez ». Non seulement il sait ce qui va se passer
mais il l'accepte ; il ne fait rien pour se dérober. Il leur annonce son départ mais il le présente comme la condition et le début d'une nouvelle présence : « Je m'en vais et je reviens vers vous
».
Ce « départ » sera interprété plus tard, après la Résurrection, comme la Pâque de Jésus ; le même Jean dit au
chapitre 13 : « Avant la fête de la Pâque, Jésus sachant que son heure était venue, l'heure de PASSER de ce monde au Père »... Jean utilise volontairement ce mot, car on sait que Pâque veut dire
« passage » : par là, Jean veut faire le rapprochement entre la Passion de Jésus et la libération d'Egypte qu'on revivait à chaque fête juive
de la Pâque. Et donc, puisqu'il s'agit de libération, ce départ ne devrait pas plonger les apôtres dans la tristesse : « Si vous m'aimiez, vous
seriez dans la joie puisque je pars vers le Père ». Phrase stupéfiante pour les disciples : eux ils voient leur maître, celui qu'ils suivent depuis trois
ans, devenu un homme traqué par les autorités religieuses : c'est-à-dire les responsables, ceux à qui on fait confiance pour ce qui concerne les choses de Dieu, ce qui est bien le tout de la vie
quand on est juif.
Ce sont ces autorités qui, au nom de Dieu justement, sont les pires opposants à Jésus. Et ils ont de bonnes raisons, il faut le dire : depuis des siècles, la grande découverte du peuple élu, et
par révélation de Dieu lui-même, c'est que Dieu est unique ! « Ecoute Israël ! Le Seigneur ton Dieu est le Dieu UN ». Et tous les prophètes ont lutté pour maintenir cette foi contre vents et
marées. Et ce Dieu unique, il est à la fois le Dieu proche de l'homme ET le Dieu Tout-Autre, le Saint. Jésus, lui, prêche bien un Dieu proche de l'homme, et spécialement des plus petits... Mais
il se prétend Dieu lui-même : aux yeux des Juifs, c'est un blasphème caractérisé, c'est faire offense au Dieu unique, au Dieu Tout-Autre. Dans notre texte de ce dimanche, Jésus insiste sur le
lien qui l'unit à son Père : nommé cinq fois dans ces lignes ! Et il va jusqu'à parler au pluriel : « Si quelqu'un m'aime... NOUS viendrons chez lui, NOUS irons demeurer chez lui ».
Et ce n'est pas la première fois qu'il a ce genre de propos : un peu avant, à Philippe qui lui demandait « Montre-nous le Père » il a tranquillement répondu « Qui m'a vu a vu le Père » (Jn 14,
9). Ici, il dit encore : « La parole que vous entendez n'est pas de moi, elle est du Père qui m'a envoyé ». Autrement dit, il est l'Envoyé du Père, il est la parole du Père. Et, désormais, c'est
l'Esprit
Saint qui fera comprendre cette parole et qui la gardera dans la mémoire des disciples. La clé de ce texte est
peut-être dans le mot « parole » : le mot revient ici plusieurs fois et si on se rapporte à ce qui précède, il n'y a pas de doute possible ; cette parole qu'il faut absolument garder, c'est le «
commandement d'amour » : « aimez-vous les uns les autres », ce qui revient à dire « mettez-vous au service les uns des autres » ; et pour bien se faire comprendre, Jésus a lui-même donné un
exemple très concret en lavant les pieds de ses disciples.
Etre fidèle à sa parole, c'est donc tout simplement se mettre au service des autres. Et, finalement, le texte d'aujourd'hui : « Si quelqu'un m'aime, il
restera fidèle à ma parole » peut donc se traduire : Si quelqu'un m'aime, il se mettra au service de ses frères... Celui qui ne m'aime pas ne se mettra pas au service des autres... Inversement,
si je comprends bien, celui qui ne se met pas au service des autres n'est pas fidèle à la parole du Christ !
Et, du coup, nous comprenons mieux le rôle de l'Esprit Saint : c'est lui qui nous enseigne à aimer, il vous fait
souvenir du commandement d'amour. Mais pourquoi Jésus l'appelle-t-il le Défenseur ? Nous savons bien que nous n'avons pas besoin de défenseur contre Dieu !
L'Esprit
Saint est notre « Défenseur », parce que, réellement, il nous protège, mais contre nous-mêmes... Car notre plus grand malheur est d'oublier que
l'essentiel consiste à nous aimer les uns les autres, à nous mettre au service les uns des autres.
Très concrètement, nous avons vu le Défenseur à l'œuvre dans la première communauté au moment de ce que l'on appelé le premier concile de Jérusalem (qui était l'objet de notre première lecture) : vous
vous souvenez des difficultés de cohabitation entre les Chrétiens d'origine juive et les chrétiens d'origine païenne. Evidemment l'Esprit d'amour a soufflé aux disciples du Christ la volonté de maintenir à
tout prix l'unité.