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RIEN PAR FORCE, TOUT PAR AMOUR (devise de saint François de Sales) Présentation des convictions de Thierry Jallas. Ces convictions, principes, valeurs, sont conformes à la doctrine sociale de l'Église catholique et à la philosophie libérale (libéralisme).

Commentaires de Marie-Noëlle Thabut, 17 04 2025, Jeudi saint C : 4e lecture de la vigile pascale.

Ces commentaires, trouvés sur le site "Église catholique en France", permettent à toute personne de bonne volonté, chrétienne ou non, de mieux comprendre la Bible, le livre le plus diffusé au monde, en

Je souhaite arriver à mettre ici, chaque dimanche, les commentaires de Marie-Noëlle Thabut. Ma seule contribution consiste à surligner les passages que je trouve les plus enrichissants et à écrire en rouge ceux qui parlent d'un thème qui m'est cher : la liberté (trois autres pages de mon blog sont consacrées à ces passages des Évangiles, du reste du Nouveau Testament ou de l'Ancien Testament qui parlent de la liberté). D'après Marie-Noëlle Thabut, "... si nous ne trouvons pas dans les textes une parole libérante, c'est que nous ne les avons pas compris."

4e lecture de la vigile pascale

LECTURE DU LIVRE DU PROPHÈTE ISAÏE 54, 5 - 14

    Parole du SEIGNEUR adressée à Jérusalem :
5  Ton époux, c’est Celui qui t’a faite,
    son nom est « Le SEIGNEUR de l’univers ».
    Ton rédempteur, c’est le Saint d’Israël,
    il s’appelle « Dieu de toute la terre ».
6  Oui, comme une femme abandonnée, accablée,
    le SEIGNEUR te rappelle.
    Est-ce que l’on rejette la femme de sa jeunesse ? – dit ton Dieu.
8  …Quand ma colère a débordé,
    un instant, je t’avais caché ma face.
    Mais dans mon éternelle fidélité,
    je te montre ma tendresse, – dit le SEIGNEUR, ton Rédempteur.
10 Même si les montagnes s’écartaient,
    si les collines s’ébranlaient,
    ma fidélité ne s’écarterait pas de toi,
    mon alliance de paix ne serait pas ébranlée,
    – dit le SEIGNEUR, qui te montre sa tendresse.
11 Jérusalem, malheureuse, battue par la tempête, inconsolée,
    voici que  je vais sertir tes pierres
    et poser tes fondations sur des saphirs.
12 Je ferai tes créneaux avec des rubis,
    tes portes en cristal de roche,
    et toute ton enceinte avec des pierres précieuses.
13 Tes fils seront tous disciples du SEIGNEUR,
    et grande sera leur paix.
14 Tu seras établie sur la justice :
    loin de toi l’oppression, tu n’auras plus à craindre ;
    loin de toi la terreur, elle ne t’approchera plus.

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BIENTÔT LA FIN DE L’EXIL

Il suffit d’entendre ce message de réconfort pour deviner qu’il a été écrit en période difficile : effectivement ce chapitre 54 du livre d’Isaïe est l’œuvre de celui qu’on appelle le second Isaïe ; il prêche pendant l’exil à Babylone, donc dans l’une des périodes les plus douloureuses de l’histoire du peuple juif. « Jérusalem malheureuse, battue par la tempête, inconsolée », toutes ces expressions ne sont pas trop fortes : en fait de tempête, le passage des troupes de Nabuchodonosor en 587 valait bien un cyclone. Mais quand le deuxième Isaïe intervient, le vent a déjà tourné pour Babylone : Cyrus, le Perse, est en train de conquérir le Proche Orient et de transformer complètement la carte du monde. Bientôt Babylone sera vaincue. Or on connaît la politique de Cyrus : on sait que, partout, il permet le retour des exilés et qu’il leur donne les moyens de reconstruire leurs pays respectifs.

Et donc, le prophète entrevoit déjà la fin de l’Exil et c’est pour cela qu’il appelle Dieu le Rédempteur d’Israël, qui signifie tout simplement « libérateur ». Quand Isaïe dit aux juifs exilés à Babylone, « Dieu est votre Rédempteur », ils comprennent très bien : Dieu va intervenir, l’heure de votre libération va sonner. Et effectivement Cyrus apparaîtra pour les juifs comme un libérateur.

Mais il ne faut pas se tromper : Cyrus n’est pour Dieu qu’un instrument ; « Dieu seul est Dieu » rappelle Isaïe à ses frères juifs ; c’est pour cela qu’il insiste plusieurs fois : « Son nom est le SEIGNEUR de l’univers » ou bien encore « il s’appelle Dieu de toute la terre ». Manière de dire « Ne vous trompez pas, il n’y en a pas d’autre ». Et si votre libération approche, c’est à lui et à lui seul que vous le devez.

Cette libération ne consiste pas seulement à ouvrir les portes d’une prison ou d’une frontière : elle est une véritable restauration du peuple dans sa dignité... de la ville et du temple dans leur beauté. Le peuple va revivre, reconstruire sa ville et son temple plus beaux qu’avant, Dieu y pourvoira : « Je vais sertir tes pierres et poser tes fondations sur des saphirs. Je ferai tes créneaux avec des rubis, tes portes en cristal de roche et toute ton enceinte avec des pierres précieuses ».

Ce langage est merveilleux : cette évocation de bijoux ne peut que nous séduire (!) mais il est quand même étrange si on y réfléchit ; n’est-ce pas une fameuse audace de prêter de tels sentiments à Dieu, le Créateur, le Tout-Puissant...

 

TON ÉPOUX C’EST TON CRÉATEUR

On trouve souvent dans la Bible la conscience de la grandeur infinie de Dieu, le tout-Autre que l’homme, mais on y trouve aussi  (et en particulier dans ce texte) de véritables déclarations d’amour de Dieu pour son peuple ; (ici le peuple d’Israël est représenté par sa ville, Jérusalem). L’une des phrases les plus fortes de ce texte, d’ailleurs, c’est peut-être la formule qui paraît si simple à première vue : « Ton époux, c’est Celui qui t’a faite, son nom est le SEIGNEUR de l’Univers » : on ne peut pas mieux dire à la fois l’intimité et la distance, la tendresse de l’époux et la toute-puissance du Créateur de toutes choses. Même l’expression « le Saint d’Israël » à elle toute seule dit bien à la fois la grandeur du Dieu Tout-Autre ET la proximité de Celui qui accepte d’appartenir en quelque sorte à ceux avec qui il a fait Alliance. « Est-ce que l’on rejette la femme de sa jeunesse ? » dit TON Dieu. « Même si les montagnes s’écartaient, si les collines s’ébranlaient, ma fidélité ne s’écarterait pas de toi, mon alliance de paix ne serait pas ébranlée, dit le SEIGNEUR, qui te montre sa tendresse. »

Mais alors, si la sollicitude et la tendresse de Dieu sont sans défaillance, comment expliquer la  période très dure qu’on vient de traverser ? Pour l’instant, tout occupé qu’il est de maintenir chez ses frères la foi au Dieu unique, Isaïe semble bien attribuer tout à Dieu, les bons et les mauvais moments : mais il fait valoir que les mauvais moments ne durent qu’un instant en comparaison de toute la durée de l’Alliance. « Un court instant, je t’avais abandonnée, mais dans ma grande tendresse, je te ramènerai. Quand ma colère a débordé, un instant, je t’avais caché ma face. Mais dans mon éternelle fidélité, je te montre ma tendresse, – dit le SEIGNEUR, ton Rédempteur. »

Bien sûr, le mot « colère » est un mot du vocabulaire humain, il ne convient pas à Dieu : plus tard, les hommes de l’Ancien Testament ont découvert que Dieu n’est jamais en colère contre ses enfants. Si colère il y a, c’est seulement contre le mal qui nous blesse. Nous, chrétiens, savons que la résurrection du Christ est le seul mot qui dit Dieu sans le défigurer : c’est-à-dire l’amour qui crée la vie là même où nos haines engendrent la mort.

Commentaires de Marie-Noëlle Thabut, 17 04 2025, Jeudi saint C : 4e lecture de la vigile pascale.
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