RIEN PAR FORCE, TOUT PAR AMOUR (devise de saint François de Sales) Présentation des convictions de Thierry Jallas. Ces convictions, principes, valeurs, sont conformes à la doctrine sociale de l'Église catholique et à la philosophie libérale (libéralisme).
Par Thierry Jallas
Au début de cet article, je souhaite rendre hommage à Mstislav Rostropovitch, combattant de la liberté et de la démocratie, décédé aujourd'hui à Moscou.
Ma première remarque, c'est que mon pronostic du 2 avril peut encore se réaliser !
La deuxième est que je suis toujours étonné par le comportement des Français : d'après des sondages de mars 2007, 61% d'entre eux ne font confiance ni à la droite, ni à la gauche pour règler leurs problèmes. Or 85% des inscrits se sont précipités pour voter pour la droite ou la gauche (ou le centre, qui prétend qu'il n'y a guère de différences entre elles, ce que je crois vrai) ! Il est vrai qu'il n'avaient le choix qu'entre ... la droite et la gauche, puisque les libéraux n'étaient pas représentés. Mais, de là à se précipiter à 85% ! C'est donc ça, la surprise, pour moi, et cela constitue un paradoxe apparent.
La troisième donne l'explication, la clef de ce paradoxe. Habitué à entendre que "Au premier tour, on choisit, au second, on élimine", j'ai l'impression que, cette année, on a éliminé dès le 1er tour ! Autrement dit, la majorité des électeurs qui se sont déplacés l'ont fait, non pour soutenir un candidat, mais pour éviter qu'un autre se retrouve au second tour. Ainsi, parmi ceux qui ont voté Bayrou ou Le Pen, beaucoup l'ont fait pour essayer d'éviter, pour une fois, que l'Etat français soit dirigé par un représentant de l'UMPS : c'est raté ! Beaucoup de ceux qui ont voté Royal ou Sarkozy l'ont fait pour éviter un nouveau 21 avril, c'est à dire que Le Pen soit qualifié pour la finale. Ou pour soutenir leur candidat/parti favori, non pas par adhésion entousiaste, mais parce qu'ils considèrent que c'est le moins mauvais. Ainsi, même s'ils jugent que ce favori n'est pas à même de règler leurs problèmes, ils croient qu'avec les autres, ce serait pire. C'est le "vote utile", à juste titre évoqué par les commentateurs, qui a permis, non pas de sélectionner les candidats les plus appréciés, mais d'éliminer les candidats les plus détestés. Il me semble que ceci résoud le paradoxe exposé plus haut.
La quatrième porte sur le vote utile. Il faudrait dresser une statue à la gloire de l'inventeur génial de ce concept bidon, concept qui permet de bouleverser les résultats de maintes élections. Il laisse croire à chacune de ses victimes que son vote va avoir une grande importance, qu'il va faire basculer le résultat de l'élection. Or je n'ai jamais entendu parler d'élection nationale qui se soit jouée à une voix près. En tout cas, la probabilité d'un tel évènement est insignifiante. L'illusion consiste à croire que notre vote va influer sur le vote d'autres personnes, par dizaines, centaines ou milliers, ce qui est évidemment faux. Personne ne peut regarder le bulletin quand nous le glissons dans l'enveloppe, et donc être influencé par notre vote. Tout au plus pouvons-nous influencer quelques personnes de notre entourage, à l'occasion de discussions précédant l'élection. Lorsqu'il m'arrive d'expliquer ceci, l'argument qui m'est immanquablement opposé est que "Si tout le monde raisonne comme ça ....". Mais justement, tout le monde ne raisonne pas comme ça, sinon il n'y aurait pas 85% de taux de participation. Et si tout le monde raisonnait comme cela, personne n'irait voter, et le raisonnement ...ne tiendrait plus, puisque le vote serait alors très utile. La réalité est donc qu'il n'y a pas de vote utile. Il y a en revanche une propagande très utile, car elle déplace les voix par milliers, voire millions. Par exemple, celle qui a consisté à diaboliser Le Pen depuis plusieurs décennies, notamment entre les 2 tours de la présidentielle de 2002. Ou la propagande en faveur du "vote utile". L'intérêt d'une élection est en effet de recueillir l'avis des citoyens sur les candidatures soumises à leurs suffrages. L'illusion du vote utile conduit des centaines de milliers de personnes à voter, non pas pour leur candidat préféré, mais pour le candidat qui leur semble avoir des chances de remporter l'élection. Par ce mécanisme, l'élection ne désigne pas toujours le candidat préféré des électeurs.
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