Le Tour de France fait la une des médias, à cause des rebondissements liés au dopage. Les dernières journées ont été particulièrement riches à cet égard. Voici quelques
réflexions personnelles sur ce sujet.
La première porte sur le fait que les libéraux sont des adversaires résolus du mensonge et de la tricherie. La morale libérale est fondée, notamment, sur le respect des accords librement conclus.
Tricher, c'est ne pas respecter un accord librement passé. Mentir, c'est empêcher l'autre de prendre des décisions libres. Nombre de (télé)spectateurs n'auraient pas regardé le tour de France s'ils
avaient su que tel ou tel coureur était dopé. Les sponsors n'auraient pas financé telle ou telle équipe s'ils avaient su que l'un de ses coureurs, au moins, avait enfreint les règles, ou allait le
faire. Les organisateurs eux-mêmes n'auraient pas accepté ces équipes, bien entendu. En d'autres termes, il y a un rapport étroit entre vérité et liberté. Le Christ disait : "La vérité vous rendra
libres". Accéder à la vérité est une condition nécessaire à notre liberté.
Je veux prendre des précautions avant d'exposer ma réflexion suivante. Elle porte sur des faits que je crois connaître mais dont je ne suis pas certain et que je n'ai pas le temps de vérifier.
Dans cette affaire, l'UCI (Union Cycliste Internationale) a été largement critiquée pour son laxisme et sa désinvolture. A ma connaissance, l'UCI serait une émanation de fédérations sportives
nationales, elles mêmes structures souvent monopolistiques disposant d'une délégation de pouvoir de la part de leurs Etats respectifs. Il en serait ainsi de la FFC (Fédération Française de Cyclisme). Pour un libéral, il est difficile d'accepter ces monopoles et cette inféodation à l'Etat.
N'importe qui devrait pouvoir créer un club, une fédération locale, nationale ou internationale, toutes ces structures se trouvant en concurrence libre entre elles.
Je souhaite enfin, et surtout, m'étonner de la différence que je vois entre le cyclisme et le football, différence au niveau du comportement des dirigeants, d'une part, et du traitement par les
médias, d'autre part.
Alors que les médias stigmatisent la tricherie dans le cyclisme, même quand elle n'est que soupçonnée, ils la taisent dans de football, font comme si elle n'existait pas, bien qu'elle s'étale au
grand jour !
Alors que les dirigeants cyclistes, pour la plupart d'entre eux, semblent enfin faire des efforts pour traquer les tricheurs, ceux du football n'en font aucun, voire même encouragent les tricheurs
!
La tricherie qui sévit dans le cyclisme semble particulièrement difficile à détecter. Il est courant d'entendre ou de lire que les tricheurs ont un train d'avance sur les dirigeants, et que
les techniques de dopage en pointe aujourd'hui ne pourront être mise au jour que demain ou après-demain.
Il n'en va pas de même pour le football, où les actes de tricherie les plus efficaces sautent au yeux du moindre téléspectateur : agression physique de l'adversaire, tacle "assassin", tirage de
maillot, usage du bras ou de la main pour accrocher l'adversaire ou l'empêcher de prendre le ballon, simulation, ....
Le plus surprenant est que les médias ne disent rien (pour la télé, est-ce la peur de perdre les droits de retransmission ?), pas plus que les instances dirigeantes, qui, elles, auraient les
moyens (et c'est leur rôle !) de faire cesser sans délai ces pratiques en faisant respecter les règles par les arbitres et en ayant recours à la vidéo.
Or l'injustice et l’irresponsabilité règnent dans le football, qui découlent de la non-réparation presque systématique, par leurs auteurs, des irrégularités commises, avec la bienveillance
coupable des arbitres et des instances du football (la Loi 12, punissant d’un avertissement tout comportement antisportif, n'est presque jamais appliquée : tirages de maillot et accrochages
par le bras, par exemple, sont rarement sifflés et encore plus rarement sanctionnés par un carton jaune),
Prenons l'exemple de la finale de la dernière coupe du monde, France-Italie. On a pu y voir (sauf les commentateurs, en direct ou non) :
- Materazzi marquer le but italien en s’appuyant sur
l’épaule de Vieira (la vidéo le montre sans ambiguïté, pourquoi refuser d’y avoir recours ?),
- Malouda stoppé irrégulièrement en pleine surface de
réparation (la vidéo est formelle), une fois par un croc-en-jambe, une autre par un tirage de maillot alors qu’il tentait de s’élever pour reprendre un centre de la tête, chaque fois sans
réaction de l’arbitre,
- Zidane blessé à l’épaule après une agression non
sanctionnée (voyez le ralenti !),
- Malouda stoppé par le sifflet de l’arbitre pour un
hors-jeu imaginaire, alors qu’il se présentait seul devant le goal italien (la vidéo l’atteste),
- Materazzi ceinturer Zidane et le retenir par le maillot,
puis, immédiatement après le provoquer verbalement, puis Zidane lui donner un coup de tête dans la poitrine, puis Materazzi simuler une blessure, sans que Materazzi n’écope de la
moindre sanction.
En cyclisme, personne n'est choqué de voir suspendu pendant plusieurs années un coureur convaincu de tricherie. Et bien il n'en va pas de même en football. Voyez ici ou là, sur des exemples fournis par Materazzi, ce que les dirigeants du football sont capables de supporter sans broncher, et même de donner à voir à des millions de
jeunes téléspectateurs. J'ai même entendu, dans mon entourage, des témoignages faisant état, il y a quelques années, de reportages télévisés sur des entraînements spécifiques à la simulation organisés
par des clubs italiens ! Ces entraînements ont servi à de
multiples reprises, notamment lors de la dernière coupe du monde, par exemple à la dernière minute de Italie-Australie.