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RIEN PAR FORCE, TOUT PAR AMOUR (devise de saint François de Sales) Présentation des convictions de Thierry Jallas. Ces convictions, principes, valeurs, sont conformes à la doctrine sociale de l'Église catholique et à la philosophie libérale (libéralisme).

La crise financière actuelle (suite)

Je reviens sur ce sujet auquel j'avais consacré un article sur ce même blog, l'an passé.

Au cours des dernières semaines, plusieurs amis ont évoqué devant moi l'idée que la crise apportait la preuve que le libre marché (et/ou le capitalisme) était en crise, ne fonctionnait pas et que l'Etat devait intervenir, "réguler" le marché. Bref, mes convictions profondes seraient battues en brèche.

Alain (ozoirien), par exemple, m'a envoyé le courriel suivant :
"Mon cher Thierry,
Alors? .... Le libéralisme absolu a du plomb dans l'aile non? .......
Je sais tu vas encore trouver de quoi justifier la cata qui vient d'arriver."

L'avant-veille, à l'issue de l'assemblée générale du Tennis Club d'Armainvilliers, j'avais poursuivi avec Jean-Luc une discussion sur le thème lancé par lui de la façon suivante (de mémoire) :
"La crise actuelle apporte la preuve que le libre marché a ses limites, que l'Etat doit le réguler"

Le 15 septembre, c'est un autre Alain (de Gradignan) qui m'adressait le courriel (narquois ?) suivant :
"
Fatalité ou intuition, tu m'appelais peut-être au sujet de la crise du crédit immobilier américain ?
Que me conseilles-tu pour placer mes maigres économies, Thierry ?

 Alain"

Suivait un article intitulé "Lehman ruiné, Merrill avalé: la crise de Wall Street ébranle la planète"

Dans ma réponse à Alain, je lui conseillais le bas de laine, ce qui provoqua la réaction suivante :
"Pour le moment, je te conseille le bas de laine
C'est la version stérile et frileuse du capitalisme / libéralisme ?
Thierry, l'état pourrait aussi se définir comme l'outil du capitalisme destiné à gérer les nombreuses carences du système ..., non je suis sûr que tu vas me reprendre, mais tu es comme les chats, tu sais, ils retombent toujours sur leurs pattes..."
Je mentionne ce détail car il rejoint le commentaire, précité, de l'autre Alain. Oui, les libéraux retombent toujours sur leurs pattes, parce que leurs convictions sont basées sur la raison, elles sont le fruit d'une
logique implacable !

Avant-hier, lors du repas précédant une partie de bridge chez des amis, anciens de l'ESCP, notre hôte, Laurent à évoqué la Nouvelle Lettre, bulletin hebdomadaire remarquable publié par l'ALEPS :
"Je la lis régulièrement. Je ne suis pas d'accord sur tout, mais je trouve intéressantes leurs idées, qui sortent des sentiers battus. Sur la crise financière actuelle, par exemple, ils vont à contre courant de l'opinion générale en affirmant que c'est l'intervention de l'Etat qui est responsable de la crise".
J'ai aussitôt entendu Philippe, le banquier, et Phi-phi, l'assureur, marmonner, en soulevant leurs sourcils en signe d'étonnement, quelque chose du genre "Celui qui me fera croire à de telles fadaises n'est pas encore né"

Je renvoie les amis précités et les lecteurs de mon blog à des textes qui expliquent, bien mieux que je ne saurais le faire, pourquoi l'étatisme est la cause des problèmes que nous vivons, et certainement pas leur solution.

Le professeur Pascal Salin a écrit un
article remarquable dans Les Echos du 1er octobre 2008.

Si vous souhaitez des explications plus détaillées, je vous renvoie à l'excellent (je pèse mes mots)
blog de Vincent Bénard. L'article de ce jour, intitulé "Annonces de Nicolas Sarkozy "en faveur" du logement : stupeur et consternation" explique, par exemple, pourquoi de nouvelles catastrophes se préparent.

Je terminerai par le dernier éditorial de Jacques Garello, Président de l'ALEPS, dans la Nouvelle Lettre. Il est intitulé "Un peu d'histoire...". Je le reproduis ci-dessous, car je n'arrive pas à établir de lien html  vers cet article.

UN PEU D’HISTOIRE…


Je reviens avec insistance sur l’autodestruction du capitalisme. Supposons le capitalisme détruit, quelles seraient les solutions alternatives ? Si l’on exclut le collectivisme socialiste (qui retrouve des partisans), on peut s’orienter vers un capitalisme « dirigé » ou « régulé ». Ceux qui en parlent ignorent en général que nous sommes déjà soumis à un tel régime, et que la situation actuelle est précisément due aux erreurs du dirigisme et de la réglementation. Mais ils gardent aussi une certaine nostalgie du passé, et on entend évoquer ici un « New Deal européen », là un « nouveau Bretton Woods ». Mise en place d’un gouvernement économique européen ou mondial : le remède miracle serait donc un pas de plus dans cette « troisième voie » qui est en réalité une impasse. Les idolâtres des Etats devraient se remettre en mémoire l’histoire du New Deal et celle de Bretton Woods.

 

Le New Deal, dit-on, aurait sauvé le capitalisme de la crise qu’il aurait connue en 1929.

Rappel historique # 1 : la crise de 1929 a été préparée par les erreurs de politique monétaire de la Federal Reserve, dans le soutien irréfléchi des spéculateurs de Wall Street mis en difficulté par la faillite des chemins de fer et de la sidérurgie, issue que voulaient retarder les banques engagées dans ce secteur (Pierpont Morgan par exemple). Il y avait aussi des créances douteuses, comme les sommes qui devaient être versées par les Allemands au titre des « réparations » (« L’Allemagne paiera », ce qui était doublement stupide).

 

Rappel historique # 2 : le Président HOOVER a cru enrayer la crise en faisant couper les crédits à l’économie américaine, y compris aux entreprises les plus saines. La masse monétaire a été amputée d’un tiers. La politique « déflationniste » a achevé le blessé.

 

Rappel historique # 3 : Quand ROOSEVELT est élu, en 1932, le taux de chômage commence à se stabiliser (12 millions de chômeurs). Le New Deal ne le réduira pas, en dépit d’un gonflement considérable de la dette publique. En 1939, il sera encore de 17%, touchant 10 millions d’Américains. Le New Deal n’a pas été le sauvetage que l’on croit, il a plongé les Etats-Unis dans le socialisme.

 

Rappel historique # 4 : C’est l’administration ROOSEVELT qui crée Fanny Mae, un fonds public destiné à financer l’accès à la propriété des Américains désargentés. Le crédit immobilier irresponsable date de cette époque, il n’a cessé pendant soixante ans de perturber la finance des Etats-Unis, Fannie (et son petit frère Freddie) détiennent actuellement un quart des créances immobilières non recouvrées. C’est le contribuable américain qui paiera.

La conférence de Bretton Woods, dit-on, aurait institué un système monétaire mondial solide, sous la garde du Fonds Monétaire International.

 

Rappel historique # 5 : Le système mis en place est celui du Gold Exchange Standard, qui remet le sort des monnaies du monde entier entre les mains de la politique monétaire américaine. En effet toutes les monnaies ont une parité fixe en dollar, lui-même convertible en or à prix fixe (« la devise-or vaut l’or »). La solidité du système repose sur la solidité du dollar et sur le respect par les Etats de la parité fixe sur laquelle ils se sont engagés.

 

Rappel historique # 6 : La FED américaine ne fabriquera jamais la quantité de dollars nécessaire aux échanges internationaux. Après avoir restreint l’émission et causé un manque général de liquidités, la FED fera tourner à toute vitesse la planche à billets verts, surtout pour soutenir l’effort financier de la guerre au Viet Nam. Le dollar inonde l’Europe (« eurodollars ») et crée une inflation à deux chiffres et la convertibilité du dollar en or est de plus en plus virtuelle ; elle sera supprimée le 15 août 1971.

 

Rappel historique # 7 : Les soi-disant parités fixes ne seront jamais respectées. En dépit de leur interdiction dans les statuts du FMI, dévaluations (et parfois réévaluations) se succèdent. On passera des parités fixes à des parités fluctuantes à l’intérieur d’un « tunnel » mais les monnaies sortent du tunnel !

 

Rappel historique # 8 : Les membres de l’Union Monétaire Européenne essaient de stabiliser leurs monnaies nationales, d’abord avec un « serpent » (variété de tunnel), puis autour d’une unité de compte virtuelle, l’écu. Ils n’y parviendront pas davantage. En 1981-1983 le gouvernement Mauroy-Delors dévaluera trois fois le franc français.

 

Cela me permet de conclure sur deux théorèmes historiques plus larges :

Rappel historique # 9 : Promptes à créer des déséquilibres, les interventions publiques sont incapables de les résorber, et les aggravent.

Rappel historique # 10 : Les Etats ne respectent jamais les engagements qu’ils prennent.

 

Après le choc pétrolier de 1974, qui a trouvé toutes les économies occidentales en pleine déconfiture, avec des taux d’inflation et de chômage à deux chiffres, les leçons de l’histoire semblaient avoir été comprises. Milton FRIEDMAN avait mis en évidence les méfaits des politiques monétaires laissées à la discrétion des banques centrales, Jacques RUEFF avait expliqué l’insanité du système de Bretton Woods, Friedrich HAYEK avait démontré comment les manipulations de taux d’intérêt conduisent au « mal-investissement » et au chômage. Le monétarisme triomphant, les banques  centrales s’étaient décidées à limiter la croissance de la masse monétaire, et la concurrence entre monnaies nationales a joué, grâce aux taux de change variables sur le libre marché des devises – la bonne monnaie se chargeant de chasser la mauvaise.

 

Mais le mal était n’était pas éradiqué, et progressivement monnaie et finance sont repassées sous le contrôle des Etats, par le biais des pressions politiques. On a délaissé la rigueur sous des prétextes divers.

Dernière leçon de l’histoire: les illusions ont toujours une fin, et la vérité vaincra.

Citation historique : « Pour détruire l’Occident il suffira de pervertir sa monnaie » (Lénine).

 

 

 

Jacques Garello
Le 29 septembre 2008

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L
Merci pour vos références à contre courant (c'est le moins que l'on puisse dire !) sur la crise. Je me permets de vous signaler cet article de J. Bichot, qui présente une vision de la monnaie assez différente de celle que vous mettez en avant. http://www.libertepolitique.com/liberte-economique-et-solidarite/4799-finances-la-crise-revelatrice Quoiqu'il en soit sur ces considérations théoriques, je pense que la crise actuelle ne peut être présentée comme exclusivement due à l'interventionnisme étatique. Les textes que vous citez montre que celui-ci joue un rôle dans la crise, ce qui est déjà important. Mais il est clair par exemple que la liberté sans régulation accordée aux acteurs sur le marché américain en particulier (crédit avec garanties trop faibles à des ménages peu solvables, titrisation et autres montages financiers très obscurs mais très rémunérateurs...) a fait que ceux-ci se sont précipités dans la brèche. Cela montre bien la nécessité d'un certaine régulation, puisque le marché laissé à lui-même conduit à ce genre de comportement. Rien de bien étonnant pour un chrétien, l'homme est pêcheur. Je dis donc une chose que peu ont dit: cette crise est de la responsabilité commune des Etats et des Marchés. Sur les solutions proposées, il ne faut pas confondre régulation et interventionnisme. L'interventionnisme revient à faire intervenir l'Etat dans l'économie, et pour les mêmes raisons que pour les Marchés, il n'y a aucune raison qu'un comportement dévient ne naisse pas de cette intervention. En revanche, l'Etat est dans son rôle lorsqu'il édicte des règles justes, simples et de bons sens qui encadrent les acteurs. En résumé, la bonne solution est dans une bonne séparation des pouvoirs, sachant que de toute façon on ne trouvera jamais un monde parfait sur terre.
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D
Bonjour,Cheminade l'avait dit! Aujourd'hui écoutez Cheminade!Je me permet de vous joindre le dernier article de Jacques Cheminade, le seul homme politique français, à avoir fait campagne pour un VRAI nouveau bretton woods depuis des années auprès des dirigeant de notre pays. Depuis quelques jours J. Cheminade déclare aussi:"Nous avons fait le bon diagnostic, en regardant la réalité en face l’hiver dernier. Maintenant, soutenez avec nous ces mesures : c’est le médecin qui fait le bon diagnostic qui rédige la meilleure ordonnance."David C.
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