Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

RIEN PAR FORCE, TOUT PAR AMOUR (devise de saint François de Sales) Présentation des convictions de Thierry Jallas. Ces convictions, principes, valeurs, sont conformes à la doctrine sociale de l'Église catholique et à la philosophie libérale (libéralisme).

Réglementation du travail et chômage

Il n’est pas toujours facile d’expliquer clairement pourquoi la réglementation du travail engendre du chômage. Voici quelques éléments de démonstration qui, je l’espère, convaincront mes lecteurs. 

Supposons que, sur un marché local, la règle suivante soit un jour promulguée, pour « protéger » les marchands, leur assurer un revenu minimum : « Il est interdit aux commerçants de vendre le kilogramme de marchandise moins de trois euros ». Il est aisé de comprendre que la plupart des marchands ne seront pas gênés, mais que quelques-uns verront leur activité chuter. Je pense, par exemple, au marchand de pommes de terre, qui sera abandonné par la plupart de ses clients.

Et bien le SMIC a le même type de conséquence : il dissuade un certain nombre d’employeurs de recourir aux services de personnes auxquelles il aurait pourtant un travail à proposer, mais à un tarif moindre. Cette intervention de l’Etat dans le marché du travail cause à celui-ci des dégâts considérables. 

Voici maintenant un courbe représentant le niveau de « performance » d’une personne au travail en fonction de son âge. Bien sûr, ce niveau est tout à fait subjectif. En outre, il dépend de facteurs tout autres que l’âge. La courbe ci-dessous a pour principal but de représenter l’idée suivante, que peu contesteront, je crois : durant notre vie professionnelle, notre performance (efficacité, productivité) commence par croître, puis atteint un optimum avant de décroître.


 
Le niveau de performance individuel est représenté en pointillés verts, le prix de vente, aux clients de l’employeur, de l’activité de l’individu concerné est présenté sous forme de ligne continue bleu ciel, l’écart vertical entre ces deux courbes représentant la marge de l’employeur. L’âge auquel l’optimum est atteint dépend de l’emploi concerné (dans des emplois très physiques –sportif professionnel, par exemple- l’âge optimal sera moins élevé que dans des métiers plus intellectuels). Sur la courbe ci-dessus, l’optimum est situé autour de 42 ans. 
 

On peut contester l’amplitude des écarts de performance sur cette courbe, mais pas le fait qu’avec le temps, notre mémoire se détériore, ainsi que notre vivacité d’esprit[i], notre force et notre résistance physique, notre aptitude au changement, etc.. Tout ceci, à partir d’un certain âge, fait plus que compenser les facteurs positifs comme l’accroissement de notre niveau de compétence technique (par la formation et par l’expérience).

Examinons maintenant la situation d’un salarié arrivé à son âge de performance optimale. Son employeur a en tête, plus ou moins consciemment, l’idée que la performance du salarié va diminuer dans les années à venir, alors que, compte tenu de la législation du travail, sa rémunération ne pourra pas diminuer et qu’elle devra même, dans de nombreux cas, augmenter ! La perte financière attendue est représentée par l’aire comprise entre le segment de droite en tirets rouges et la courbe continue bleue. Cet employeur est donc bien évidemment enclin à licencier ce salarié, ce qui lui coûtera plus ou moins d’argent[ii], mais, souvent, nettement moins que la perte attendue s’il avait conservé le salarié jusqu’au départ à la retraite de celui-ci.

Si la même personne se retrouve sur le marché du travail à son âge de performance optimale ou après, il est facile à comprendre devant quelles difficultés elle se trouvera et le peu d’espoirs qu’elle peut nourrir.

Quant on y réfléchit bien, la réglementation du travail qui empêche l’ajustement du salaire au niveau de performance (même subjectif) du salarié est aussi stupide qu’une réglementation qui interdirait à un consommateur d’acheter son kilogramme de fraises, en plein été, moins cher qu’il ne le payait au creux de l’hiver, et qui lui interdirait simultanément, du changer de fournisseur de fruits sans "cause réelle et sérieuse" et sans l'indemniser ! 

La libre négociation permanente du contrat de travail (pouvant aller jusqu’au licenciement sans indemnités ni justification, si cela est prévu au contrat) est donc une condition nécessaire et –je l’affirme- suffisante au retour au plein emploi. 

Ce sera l’un des chevaux de bataille de l’organisation syndicale professionnelle que des amis et moi sommes en train de monter. 

Je souhaite évoquer, pour terminer, l’évolution en cours de la législation relative à l’âge maximum du départ à la retraite. Les députés viennent de faire passer cet âge de 65 à 70 ans. Cette évolution va dans le bon sens, mais elle est caractéristique de l’esprit « constructiviste » de nos élites politiques : pourquoi fixer un âge limite et ne pas laisser chaque individu entièrement libre ? En outre, un effet négatif induit par cette mesure est qu’elle va augmenter la perte attendue par un employeur, s’il conserve un salarié au-delà de l’âge de performance optimale de celui-ci. Elle incitera donc encore davantage cet employeur à licencier ! Si elle est définitivement adoptée, elle augmentera l’urgence de légiférer dans le sens que propose le présent article : celui de la liberté. 



[i] J’ai pu en faire l’expérience dans les circonstances suivantes. Durant un voyage en voiture, lors de l’été 2006 (peut-être même 2005, mais…je perds la mémoire !), pour occuper mes garçons âgés, à l’époque, de 15 ans et demi et 12 ans (quant à moi, j’avais récemment passé la cinquantaine), j’avais emporté des grilles de Sudoku que j’avais photocopiées en plusieurs exemplaires. J’ai donc organisé un petit concours de Sudoku entre nous trois : nous devions résoudre, chacun séparément, la même grille, en un minimum de temps. En moyenne, mon fils aîné mettait 50% de temps de moins que moi et le second 25% à 30% de moins. Je précise que mes points forts, pendant mes études, étaient le calcul mental et la logique.

[ii] Il est de plus en plus fréquent d’assister à des licenciements pour faute grave ou lourde, décidés en toute mauvaise foi, mais qui permettent aux employeurs de réduire les coûts de licenciement. Si les dirigeants, comme ceux d’un de mes anciens employeurs l'ont fait, peuvent obtenir un faux témoignage d’un représentant syndical affilié à une organisation « représentative » pour appuyer leur dossier de licenciement, le coût de celui-ci sera pratiquement nul.

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
T
Voici le commentaire que m'a adressé par e-mail un de mes cousins, Xavier Tardy.Bonjour Thierry,Je suis bien évidemment d'accord sur tout ce qui peut permettre une meilleure fluidité du marché du travail, en revanche je m'inscris en faux sur la généralisation de l'optimum atteint autour de 42 ans. Comme tu le précises justement, cela dépend de la profession, mais il me semble aussi que cela dépend du niveau de responsabilité. Il y a longtemps que je ne résoud plus de problèmes complexes dans mon travail, je dois au contraire animer des équipes, les motiver, résoudre des conflits, créer un environnement favorable à la performance, recruter... toutes tâches qui font appel à l'expérience et non à la "vivacité" d'esprit. Il me semble donc que ta courbe a une allure très différente selon le potentiel et le niveau de responsabilités de chacun.Quant à la flexibilité, je vais peut-être avancer une idée incongrue, mais je pense qu'elle se développe avec la répétition des changements et non l'âge (je rencontre beaucoup de jeunes diplômés très peu mobiles et/ou flexibles)Autre remarque: je ne sais pas s'il existe des statistiques précises sur les licenciements pour faute grave ou lourde qui permettent aux employeurs de réduire les coûts. Mais je pense en revanche, qu'il ne s'agit pas de pratique courante dans les grands groupes industriels. Dans les grands groupes, en dehors du fait que ce genre de politique serait vite brocardé dans la presse (il suffit de voir ce qu'une mauvaise pratique dans un grand groupe peut faire couler d'encre), les salariés sont bien mieux défendus par les syndicats. D'ailleurs, les DRH des grands groupes l'ont bien compris et proposent systématiquement des packages financiers sans même essayer de passer par l'argument de la faute lourde.Enfin, sur l'âge de la retraite, il est évident qu'il s'agit d'un choix tout à fait personnel, mais j'ai encore le temps de changer d'avis d'ici là...Xavier
Répondre
T
<br /> <br /> Cher Xavier,<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Je suis d'accord avec ton commentaire, dont je te remercie :<br /> <br /> <br /> - on ne peut généraliser un optimum à 42 ans : pour certains (sportifs, par exemple), ce sera largement avant, pour d'autres,<br /> bien au-delà ;<br /> <br /> <br /> - certains métiers vieillissent probablement mieux que d'autres : ceux où il y a besoin d'un "tour de main" (certains artisans),<br /> ceux qui nécessitent surtout de l'expérience (manager). Exemples de ceux qui vieillissent "mal" : trader, chercheur,...<br /> <br /> <br /> Je trouve ton idée "incongrue" assez originale.<br /> <br /> <br /> D'accord avec toi aussi sur les licenciements pour faute qui concernent presque uniquement les PME. Pour l'anecdote, j'ai vu<br /> aujourd'hui au journal télévisé un reportage semblant montrer que le groupe immobilier FONCIA (6.000 personnes réparties sur plus de 150 sites) pratiquait le licenciement pour faute en lieu et<br /> place du licenciement économique.<br /> <br /> <br /> <br />
J
Tu imagines bien, Thierry, que globalement j'approuve à 200 % l'idée que toute réglementation du travail crée du chômage. Cependant, ton exemple appliqué à la limite d'âge ne me convainc pas. En effet, s'il est évident qu'avec l'âge certaines facultés diminuent (je joue beaucoup moins bien à tout jeu vidéo que mes petits-enfants), il n'en reste pas moins qu'avec l'âge on acquiert des facultés nouvelles (comme l'art de mieux synthétiser) qui peuvent être très utiles pour certaines entreprises. Bien évidemment ces capacités nouvelles ne sont pas utiles à tout entrepreneur. Mais alors il convient d'accepter la migration, d'une entreprise vers une autre, d'un secteur vers un autre ou même d'une région ou d'un pays vers un autre.<br />  <br /> Tu peux, bien sûr publier ce texte sur tout support où tu es présent, l'idée mérite discussion, mais je ne pense pas judicieux de le faire pour toi, puisque je ne saurai pas le défendre (du fait de mon grand âge sans doute !).<br />  <br /> Très amicalement<br />  <br /> Jacques<br />
Répondre
T
<br /> <br /> Jacques, je te remercie pour ce commentaire, que je ne suis, hélas, pas sûr de bien comprendre. Contestes-tu l’idée que chacun d’entre<br /> nous, dans sa vie professionnelle, connaisse une période où le niveau de sa performance a tendance à s’élever, puis une période ou ce niveau redescend ? Ou souhaites-tu simplement faire les<br /> quelques commentaires qui suivent, qui ne contredisent pas ma démonstration et avec lesquels je suis d’accord ?<br /> <br /> <br /> -        <br /> l’âge où la performance est optimale varie selon les individus, le poste concerné et les qualités qu’il requiert, etc.  (ex : l’optimum de tel ou tel<br /> footballeur était aux alentours de 25/30 ans, il sera peut-être à 60 ans ou au-delà quand l’intéressé sera devenu entraîneur) ;<br /> <br /> <br /> -        <br /> un changement d’entreprise, de secteur d’activité, de poste, de pays ou de région permet de mettre en jeu des qualités différentes et de redresser un niveau de<br /> performance déclinant.<br /> <br /> <br /> <br />