381 La prière pour les gouvernants, recommandée par saint Paul durant les persécutions, indique explicitement ce que l'autorité
politique doit garantir: une vie calme et tranquille, à passer en toute piété et dignité (cf. 1 Tm 2, 1-2).
383 Le comportement de Dieu dans le gouvernement du monde, qui témoigne de si grands égards pour la liberté humaine, devrait inspirer la sagesse de ceux
qui gouvernent les communautés humaines. Ils ont à se comporter en ministres de la providence divine ».
Le message biblique inspire sans cesse la pensée
chrétienne sur le pouvoir politique, en rappelant qu'il jaillit de Dieu et qu'il fait partie intégrante de l'ordre qu'il a créé. Cet ordre est perçu par les consciences et se réalise, dans la
vie sociale, à travers la vérité, la justice, la liberté et la solidarité qui procurent la paix.
384 La personne humaine est le fondement et la fin de la communauté politique. Dotée de rationalité, elle est responsable
de ses choix et capable de poursuivre des projets qui donnent un sens à sa vie, au niveau individuel et social. L'ouverture à la Transcendance et aux autres est le trait qui la
caractérise et la distingue: ce n'est qu'en rapport à la Transcendance et aux autres que la personne humaine atteint sa réalisation pleine et intégrale. Pour l'homme, créature naturellement
sociale et politique, « la vie sociale n'est donc pas (...) quelque chose de surajouté », mais plutôt une dimension essentielle qui ne peut être éliminée.
La communauté politique découle de la nature des personnes, dont la conscience « leur révèle et leur enjoint de respecter » l'ordre inscrit par Dieu dans toutes ses
créatures, « un ordre moral et religieux qui, plus que toute valeur matérielle, influe sur les orientations et les solutions à donner aux problèmes de la vie individuelle et sociale, à
l'intérieur des communautés nationales et dans leurs rapports mutuels ». Cet ordre doit être progressivement découvert et développé par l'humanité. La communauté politique, réalité connaturelle
aux hommes, existe pour obtenir une fin impossible à atteindre autrement: la pleine croissance de chacun de ses membres, appelés à collaborer de façon stable pour réaliser le bien commun, poussés par leur tension naturelle vers le vrai et vers le bien.
388 Considérer la personne humaine comme le fondement et la fin de la communauté politique signifie se prodiguer avant tout pour la reconnaissance et
le respect de sa dignité en protégeant et en promouvant les droits fondamentaux et inaliénables de l'homme: « Pour la pensée contemporaine, le bien commun réside surtout dans la
sauvegarde des droits et des devoirs de la personne humaine ». Dans les droits de l'homme sont condensées les principales exigences morales et juridiques qui doivent présider à la construction
de la communauté politique. Ils constituent une norme objective qui fonde le droit positif et qui ne peut être ignorée par la communauté politique, car la personne
lui est antérieure sur le plan de l'être et des finalités: le droit positif doit garantir la satisfaction des exigences humaines fondamentales.
397 L'autorité doit reconnaître, respecter et promouvoir les valeurs humaines et morales essentielles. Elles
sont innées, « découlent de la vérité même de l'être humain et (...) expriment et protègent la dignité de la personne: ce sont donc des valeurs qu'aucune personne,
aucune majorité ni aucun État ne pourront jamais créer, modifier ou abolir ». Elles ne sont pas basées sur des « majorités » d'opinion provisoires ou changeantes, mais elles doivent être
simplement reconnues, respectées et promues comme éléments d'une loi morale objective, loi naturelle inscrite dans le cœur de l'homme (cf. Rm 2, 15), et comme point de référence
normatif de la loi civile elle-même. Si, à cause d'un obscurcissement tragique de la conscience collective, le scepticisme venait à mettre en doute jusqu'aux principes fondamentaux de la loi
morale, l'ordonnancement étatique lui- même serait bouleversé dans ses fondements, se réduisant à un pur mécanisme de régulation pragmatique d'intérêts différents et opposés.
398 L'autorité doit promulguer des lois justes, c'est-à-dire conformes à la dignité de la personne humaine et aux impératifs de la raison droite
400 Reconnaître que le droit naturel fonde et limite le droit positif signifie admettre qu'il est légitime de résister à l'autorité dans le cas où celle-ci viole
gravement et de façon répétée les principes du droit naturel. Saint Thomas d'Aquin écrit qu' « on n'est tenu d'obéir... que dans la mesure requise par un ordre fondé en justice ». Le
fondement du droit de résistance est donc le droit de nature.
405 L'Église voit comme un signe d'espérance « l'aversion toujours plus répandue de l'opinion publique envers la peine de mort
406 L'encyclique « Centesimus annus » renferme un jugement explicite et structuré
sur la démocratie: « L'Église apprécie le système démocratique, comme système qui assure la participation des citoyens aux choix politiques et garantit aux gouvernés la possibilité de
choisir et de contrôler leurs gouvernants, ou de les remplacer de manière pacifique lorsque cela s'avère opportun. Cependant, l'Église ne peut approuver la constitution de groupes dirigeants
restreints qui usurpent le pouvoir de l'État au profit de leurs intérêts particuliers ou à des fins idéologiques. Une démocratie authentique n'est possible que dans un État de droit et sur la
base d'une conception correcte de la personne humaine. Elle requiert la réalisation des conditions nécessaires pour la promotion des personnes, par l'éducation et la formation à un vrai idéal,
et aussi l'épanouissement de la “personnalité” de la société, par la création de structures de participation et de coresponsabilité ».
408 Le Magistère reconnaît la valeur du principe relatif à la division des pouvoirs au sein d'un État: « Il est préférable que tout pouvoir soit équilibré par d'autres
pouvoirs et par d'autres compétences qui le maintiennent dans de justes limites. C'est là le principe de l'“État de droit”, dans lequel la souveraineté appartient à la loi et non pas aux
volontés arbitraires des hommes ».
411 Parmi les déformations du système démocratique, la corruption politique est une des plus graves, car elle trahit à la fois les principes de la morale et les
normes de la justice sociale; elle compromet le fonctionnement correct de l'État, en influant négativement sur le rapport entre les gouvernants et les gouvernés; elle introduit une
méfiance croissante à l'égard des institutions publiques en causant une désaffection progressive des citoyens vis-à-vis de la politique et de ses représentants, ce qui entraîne
l'affaiblissement des institutions. La corruption déforme à la racine le rôle des institutions représentatives, car elle les utilise comme un terrain d'échange politique entre requêtes
clientélistes et prestations des gouvernants. De la sorte, les choix politiques favorisent les objectifs restreints de ceux qui possèdent les moyens de les influencer et empêchent la
réalisation du bien commun de tous les citoyens.
418 La communauté politique et la société civile, bien que réciproquement reliées et interdépendantes, ne sont pas égales dans la hiérarchie des fins. La communauté
politique est essentiellement au service de la société civile et, en dernière analyse, des personnes et des groupes qui la composent. La société civile ne peut donc pas être considérée comme un
appendice ou une variable de la communauté politique: au contraire, elle a la prééminence, car c'est dans la société civile même que l'existence de la communauté politique trouve sa
justification.
L'État doit fournir un cadre juridique adapté au libre exercice des activités des sujets sociaux et être prêt à intervenir, lorsque c'est nécessaire et
en respectant le principe de subsidiarité, pour orienter vers le bien commun la dialectique entre les libres associations actives dans la vie démocratique.
419 La communauté politique est tenue de régler ses rapports vis-à-vis de la société civile selon le principe de subsidiarité
421 Le Concile Vatican II a engagé l'Église catholique dans la promotion de la liberté religieuse. (...) Afin que cette liberté (...) puisse s'exercer, elle ne doit pas être entravée, étant donné que « la vérité ne s'impose que par la force de la vérité elle-même ». La
dignité de la personne et la nature même de la recherche de Dieu exigent pour tous les hommes l'immunité de toute coercition dans le domaine religieux. La société et
l'État ne doivent pas contraindre une personne à agir contre sa conscience, ni l'empêcher d'agir en conformité à celle-ci.
425 L'autonomie réciproque de l'Église et de la communauté politique ne comporte pas de séparation excluant leur
collaboration