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30 juillet 2013 2 30 /07 /juillet /2013 14:14

Comme annoncé dans mon article du 23 juin, 2013, voici un article de Jean-Yves Naudet, paru dans la Nouvelle Lettre puis sur le site de l'ALEPS (Association pour la Liberté Économique et le Progrès Social) : www.libres.org.

Jean-Yves NAUDET est professeur d’économie à la Faculté de droit de l’Université d’Aix-Marseille (« Aix-Marseille Université- AMU »). Il est par ailleurs spécialiste de la doctrine sociale de l’Église (qu’il enseigne dans deux séminaires français), probablement le meilleur en France. Il est fondateur et Président de l’Association des économistes catholiques (AEC) de France depuis 2000.

Vous trouverez ici sa biographie plus complète.

Compte tenu de ce qui précède, mes lecteurs catholiques comprendront que, même si cela les surprend, les propos de l’auteur sont parfaitement conformes à l’enseignement social chrétien.

Si l’économie va mal, il y a un domaine qui va bien, c’est le protectionnisme. C’est d’autant plus désolant, que, comme nous l’avions montré il y a peu, les échanges internationaux sortent les pays de la pauvreté. La Nouvelle Lettre du 15 juin avait déjà tiré le signal d’alarme à propos de la guerre commerciale entre l’Union Européenne et la Chine, puis la France a contraint ses partenaires à mettre en avant l’exception culturelle dans les relations entre l’Europe et les États-Unis (Jacques Garello lui a consacré son éditorial du 22 juin). Au-delà de ces exemples, on voit fleurir partout les innovations protectionnistes. Ce n’est pas une bonne nouvelle : le nationalisme économique est un facteur de tension, voire de guerre.

Le libre-échange, porteur de concurrence et de paix

Il est habituel d’expliquer les bienfaits du libre échange par l’idée de Ricardo : la division internationale du travail. Le monde entier s’organiserait comme un vaste atelier au sein duquel chaque pays se spécialiserait dans l’activité pour laquelle il aurait « l’avantage comparatif » le plus élevé. Les parfums et la haute couture seraient l’apanage de la France, les voitures celui de l’Allemagne, les ordinateurs celui du Japon, les avions celui des États-Unis, etc. Ces exemples démontrent l’insanité de la thèse, les deux tiers des échanges extérieurs sont « croisés » (ou intra-sectoriels), pratiqués entre pays produisant les mêmes biens et services : voitures allemandes importés par des Français et réciproquement. Cette erreur d’analyse conduit malheureusement à des conclusions dangereuses : le libre échange condamnerait un pays à renoncer à des pans entiers de son activité (par exemple, l’agriculture française serait condamnée). Elle conduit aussi à penser que le commerce extérieur est une affaire d’État, alors qu’il est naturellement échange entre individus, agents économiques consommateurs et producteurs, sans considération de leur nationalité.

Le vrai sens du libre échange est d’élargir l’espace des échanges, le nombre et la diversité des échangistes, et de permettre ainsi une concurrence plus féconde. La concurrence est un puissant stimulant pour les entreprises en les poussant à s’adapter, à découvrir de nouveaux produits, de nouveaux marchés, de nouvelles techniques, etc. Mais aussi, comme l’expliquait Frédéric Bastiat, puisque l’économie doit toujours être regardée du point de vue des consommateurs, le libre-échange leur offre des produits plus diversifiés et moins coûteux : il accroît le pouvoir d’achat, ce qui explique que l’ouverture au libre échange a permis à des milliards d’individus de continents entiers d’ échapper à la misère.

Le « doux commerce », comme disait Montesquieu, est un facteur de paix : pour échanger, pas besoin d’être d’accord sur tout ; des peuples qui se sont durablement opposés, s’ils se mettent d’accord sur les règles du jeu, vont tisser des liens économiques qui rendront la guerre quasi-impossible. C’est ce qu’avait compris Napoléon III, lorsqu’il a signé sous l’influence de Cobden et de Michel Chevalier le traité de commerce avec l’Angleterre ; c’est ce qu’avaient compris les pères fondateurs de l’Europe, Gasperi, Schuman et Adenauer : c’est la liberté économique qui a ramené la paix sur notre continent et les liens culturels et amicaux sont venus après les échanges commerciaux. En sens inverse, le nationalisme économique a joué un rôle, aux côtés du nationalisme politique, dans l’enchaînement fatal qui a suivi la crise de 1929.

Protectionnisme monétaire

Si nous ne sommes pas en 1929, nous pouvons cependant être inquiets des signes de protectionnisme. Il y a le protectionnisme monétaire : nous sommes théoriquement en changes flottants, mais ce flottement est impur et les Banques Centrales ne se privent pas d’intervenir pour manipuler leurs monnaies, par les taux d’intérêt ou une intervention directe. Les Chinois, dont le Yuan n’est pas convertible, sous-estiment volontairement la valeur de leur monnaie, les Japonais font tout pour que le Yen perde de la valeur, les Américains font de même avec le dollar : chacun pousse aux « dévaluations compétitives », terme impropre, mais qui dit bien que l’on cherche à regagner par la manipulation des monnaies ce que l’on a perdu en compétitivité. Que de plaidoiries entendues sur les dégâts de l’« euro fort » qui, visiblement, n’a pas freiné les exportations allemandes !

Protectionnisme tarifaire

La forme habituelle du protectionnisme, en dehors des contingentements qui ont largement disparu, c’est d’enchérir artificiellement les prix des produits importés par des droits de douane. Les mercantilistes utilisaient le procédé, aux XVI° et XVII° siècles, et le protectionnisme de l’entre-deux guerres reposait largement sur ce principe. En 1947, les droits de douane étaient en moyenne supérieurs à 40% et c’est grâce aux négociations du Gatt puis de l’OMC qu’ils ont été réduits, tombant autour de 5%, mais pas supprimés, surtout dans certains secteurs. Le blocage du cycle de Doha est un signe des résistances qui existent dans ce domaine.

Un autre signe est fourni par les « exceptions » : nous sommes pour le libre-échange, certes, mais pas partout. La France a convaincu ses partenaires de la nécessité d’une exception culturelle, qui n’aura pour effet que d’affaiblir encore plus ce secteur, déjà rendu fragile par les subventions. Chacun veut son exception. Les agriculteurs de la FNSEA défendent « l’exception agricole française ». Lors du salon « Vinexpo », le ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll, a expliqué que « le vin n’est pas un produit comme les autres ».

Le problème n’est pas spécifiquement français, et chacun est tenté de voir dans ses « spécialités » une exception qui doit échapper au libre-échange. D’exception en exception, on entre dans une logique mortifère de sanctions successives : on met un embargo contre les importations de panneaux solaires fabriqués en Chine, les Chinois ripostent à propos du vin français ou des voitures allemandes. On bloque l’acier américain, les Américains se vengent sur le fromage. Le protectionnisme est contagieux, il se répand comme un virus.

Les obstacles non-tarifaires

Mais il y a aussi la multiplication des normes, mises en place, officiellement pour des raisons sociales ou environnementales. Le but affiché est toujours « social » : protéger les enfants, la santé, les salariés, etc. La réalité est moins avouable : ces normes servent juste à écarter les produits étrangers, car elles correspondent, heureux hasard, aux habitudes nationales !

Le Monde consacrait récemment deux pages à ce « nouveau visage du protectionnisme ». On compte dans les pays membres de l’OMC 11 288 mesures sanitaires et phytosanitaires, concernant les produits alimentaires et les animaux et végétaux, (dont plus de 2 000 depuis le début de l’année !) et 15 560 obstacles techniques au commerce, concernant des règlements, normes et autres procédures de certification. Le Monde cite un bref florilège. On appréciera la pêche de crevettes uniquement par des moyens respectueux des tortues marines, la couleur imposée des fusées de détresse d’un yacht, les interdictions de maïs OGM, de viande de bœuf aux hormones ou de poulet lavé au chlore, les seuils de pollution des voitures ou les fleurs sans résidus de pesticide. Il n’est pas certain que tout cela soit uniquement justifié par des raisons de santé publique ! C’est l’un des rôles de l’OMC que de lutter contre ce type de protectionnisme galopant.

Faut-il être pessimiste devant cette renaissance du nationalisme économique? Certes la vigilance s’impose, les États montent les peuples les uns contre les autres. Mais la mondialisation a maintenant plus de vingt ans d’âge, depuis la chute du mur de Berlin, et il n’y a plus de « vrais » produits nationaux : produire français ne signifie plus grand-chose. Les pays émergents ont besoin du libre-échange pour soutenir leur développement. Beaucoup de membres de l’Union Européenne et le G8 lui-même s’inquiètent des risques protectionnistes. Mais le péril protectionniste disparaîtra quand on aura appris aux Français, comme aux autres, qu’ils peuvent bénéficier des bienfaits du libre-échange. Ce ne sera pas le plus facile.

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21 juillet 2013 7 21 /07 /juillet /2013 10:50

Daniel Tourre, consultant pour les risques bancaires, président du collectif Antigone, auteur de "Pulp Libéralisme – la tradition libérale pour les débutants" (Éditions Tulys) était l'invité de l'émission "Le Grand Témoin", sur Radio-Notre-Dame, vendredi 19 juillet 2013.

J'ai beaucoup d'admiration pour Daniel Tourre. Je crois (sans en être sûr) qu'il n'est pas chrétien. Je trouve qu'il s'en est bien sorti quand il a été interrogé par l'animateur (Louis Daufresne, me semble-t-il) sur la position libérale sur des sujets de société comme le mariage pour tous ou la recherche sur l'embryon. Je dois reconnaître être en désaccord, sur ces sujets, avec une partie non négligeable des libéraux. J'ai le sentiment que ceux-ci, alors, ne raisonnent pas rigoureusement. Par exemple, lorsqu'ils demandent à ce que soit respectée la liberté de chacun de "mourir dans la dignité" en oubliant qu'ôter la vie de quelqu'un, c'est lui faire perdre toutes ses libertés (dont celle de "mourir dans la dignité").

Voici le podcast de cette émission.

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16 juillet 2013 2 16 /07 /juillet /2013 06:37
J'aime voir la liberté défendue ...

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3 octobre 2012 3 03 /10 /octobre /2012 07:12

Je suis un grand fan de Philippe Nemo. Celui-ci est philosophe catholique, professeur à l'ESCP Europe (où je regrette de ne pas l'avoir eu comme professeur, il y a 35 ans; mais j'avais eu la chance d'avoir Pascal Salin). Normalien, il dispose d'une culture que je trouve phénoménale. Parmi ses productions, très variées :

 

J'ai découvert récemment une vidéo d'une conférence organisée par l'Institut Turgot et donnée par Philippe Nemo, à l'Assemblée Nationale, le jeudi 23 juin 2011, à l'occasion de la sortie de son livre  "La régression intellectuelle de la France". Je ne résiste pas au plaisir de vous la partager.

 

 

Nemo juin 2011 from Henri Lepage on Vimeo.

 

Les dernières minutes sont ici :

 

 

 

 

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7 septembre 2012 5 07 /09 /septembre /2012 11:47

Voici la suite de mon reportage sur la 33e Université d'Été de la Nouvelle Économie.

 

Je vous présente 3 nouvelles interviews, réalisés le 29 août 2012,  de libéraux ayant assisté à cette manifestation.

 

Tatiana Nájera

 

 

 

 

 

Youcef Maouchi

 

 

 

 

 

Patrick de Casanove

 

 

 

 

En attendant la suite de mes vidéos prises à Aix-en-Provence, je vous invite à lire le compte-rendu de cette Université d'Été fait par l'excellent Francis Richard, sur son blog.

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2 septembre 2012 7 02 /09 /septembre /2012 05:57

La 33e Université d'Été de la "Nouvelle Économie" s'est déroulée à Aix-en-Provence du dimanche 26 août (cocktail d'accueil à partir de 18 heures 30') au mercredi 29 août 2012 (cocktail final à 19 heures). Elle était organisée par des professeurs d'économie de l'Université d'Aix-Marseille, Jacques et Pierre Garello en tête. Depuis de nombreuses années, je rêvais d'y participer. C'est désormais choses faite et j'en suis très heureux.

 

Des images vidéo ont été prises par Emmanuel Martin, à partir desquelles, à ma connaissance, un DVD sera réalisé. Les vidéos des interventions du matin seront également progressivement mises en ligne par Lucas Léger (une autre cheville ouvrière de cette manifestation) sur le site Internet de l'ALEPS (Association pour le Libre-Échange et le Progrès Social) : www.LibRes.org (pour LIBres et RESponsables).

 

J'ai, moi-même, filmé la totalité de cet évènement, mais avec une qualité d'image médiocre (pour disposer d'assez d'espace sur le disque dur de ma caméra), certainement moins bonne que celle d'Emmanuel Martin. Je vous propose de vous faire revivre cette Université d'Été à travers mon regard, en un certain nombre (actuellement indéterminé) d'épisodes ne respectant pas l'ordre chronologique.

 

Je vais commencer par le portrait, sous forme d'entretiens vidéo réalisés le 28 août 2012, de 4 participant à l'Université d'Été. Je vous prie de bien vouloir me pardonner la médiocre qualité des images. Dans ces 4 interviews, et celles qui suivront dans un épisode ultérieur, j'ai souvent terminé par une question que certains pourront trouver intrusive ("Croyez-vous en Dieu et, si oui, en quel Dieu ?") : je trouve qu'elle permet à mon interlocuteur de faire connaître un aspect important de ce qu'il est.

 

Voici, successivement, les présentation de :

 

Xavier Driancourt

 

 

 

Georges Lane

 

 
 
Alexandre Corréard
 
 
 
Emmanuel Martin
 

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26 mai 2012 6 26 /05 /mai /2012 13:46

Voici une vidéo que j'ai réalisée hier qui explique ce qu'est la croissance économique et les différents moyens de l'obtenir. Les principales idées sont que :

- la croissance est souhaitable;

- ce n'est pas la croissance (tombée du ciel ?) qui permettrait d'augmenter le taux d'emploi, mais c'est l'inverse : l'augmentation du taux d'emploi (sans diminution du temps de travail moyen) permettrait d'obtenir de la croissance;

- l'augmentation du temps de travail contribuerait, elle aussi, à doper la croissance;

- le libéralisme (donc la non-intervention de l'Etat dans la vie économique), contrairement à l'étatisme, permettrait aussi de doper la croissance :

  • en faisant disparaître les "enrayeurs", c'est à dire les entraves étatistes de toute sorte,
  • en rendant inutiles les déperdition d'énergie pour lutter contre les enrayeurs,
  • en favorisant le retour au plein emploi (objet d'une vidéo à venir).

 

 

 

 

 

Toute suggestion pour la rendre plus courte, plus tonique, plus percutante sera la bienvenue. Merci d'avance.

 

 

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12 septembre 2011 1 12 /09 /septembre /2011 18:45

Salome-Jacques-2.jpeg"Comme disait ma grand-mère, ..."

C'est une des expressions favorites de Jacques Salomé, dont j'essaie de suivre les recommandations en matière de communication interpersonnelle. Voici l'essentiel de ce que j'ai retenu de sa méthode (ESPERE) dispensée, notamment, lors de conférences et séminaires

 

Au cours de ces manifestations, Jacques Salomé utilise une écharpe relationnelle, longue écharpe qu'il fait manipuler par 2 participants pour symboliser leur relation. La communication entre 2 personnes peut également être comparée à un tuyau allant de l'une àl'autre.

A mon extrémité de la relation, je peux :

- donner,

- demander,

- recevoir,

- refuser.

 

Chacun est responsable se son bout de la relation, mais pas du bout de l'autre. Ceci est important. Nous avons souvent l'impression, par exemple, que nous sommes agacés par l'autre, que c'est l'autre qui provoque, par son attitude, notre agacement ou tel ou tel autre sentiment en nous. Mais ceci est une illusion : c'est moi, et moi seul, qui peux décider d'être agacé ou de non lorsque l'autre fait ceci ou dit cela. Je suis responsable des actes que je pose, mais pas de la façon dont l'autre les reçoit. Je suis responsable de ce que je dis, de la manière dont je m'exprime, mais pas de ce que l'autre entend, de ce qu'il comprend.

 

J'adhère à la recommandation de Jacques Salomé de parler à la première personne, de dire "Je". "Comme disait ma grand-mère, le tu tue" (façon amusante de dénoncer la "relation klaxon"). Il invite à ne pas parler à la place de l'autre, ou "sur l'autre". Il vaut mieux dire "J'ai entendu Untel dire ceci" que "Untel a dit ceci". Dans le second cas, en effet, Untel est parfaitement en mesure de contester avoir "dit ceci", si ce que j'ai entendu ne correspond pas à la réalité de ce qu'il a dit, plus précisément si j'ai mal compris, mal interprêté, ce qu'il a voulu exprimer (1).

 

J'invite mes lecteurs à visiter le site de Jacques Salomé, à assister à l'une de ses conférences (s'il en donne encore, ce qui n'est pas sûr), à lire ses livres, à regarder ses vidéos (K7, DVD, Internet), à écouter ses enregistrements audio.  Personnellement, je préfère nettement entendre et voir Jacques Salomé, plutôt que lire ses écrits.

 

Parmi les poisons de la communication que cite Salomé, figurent la disqualification (ex : "Tu n'es qu'un imbécile"), la culpabilisation (ex : "Me refuser ça, après tout ce que j'ai fait pour toi !"), l'injonction (ex : "Fais ceci, ne fais pas cela").

 

Ce n'est que très récemment que je me suis rendu compte que les conseils de Jacques Salomé étaient très cohérents avec la philosophie libérale :

- lorsque je m'adresse à quelqu'un à la seconde personne ("Tu as dit que ... ", "Tu es un menteur ..") ou lorsque je parle de lui à la 3e personne ("C'est un bon à rien ..."), je parle à sa place, je parle sur lui, je me fais son porte-parole sans son accord, sans qu'il m'ait rien demandé. Je lui dénie la liberté de parler en son nom, du sujet qu'il est certainement le mieux placé pour aborder : lui-même. Ce non-respect de sa liberté est tout aussi criticable lorsque je parle de lui en bien (Ex : "Tu as fait du super boulot") que quand je le disqualifie. Il est préférable, même dans ce cas, d'utiliser le "Je" ("Je trouve que tu as fait un super boulot, je l'apprécie beaucoup").

- lorsque je culpabilise l'autre, j'utilise une forme de manipulation qui vise à priver l'autre de sa liberté, à lui faire faire quelque chose qu'il ne ferait pas s'il était entièrement libre.

- lorsque j'utilise l'injonction, lorsque je commande à l'autre (sauf dans certaines situations où mon rôle de "chef" résulte de contrats librement acceptés, comme les contrats de travail au sein d'une entreprise), je ne respecte pas la liberté de cet autre

 

Il est un sujet sur lequel je ne partage pas le point de vue de Jacques Salomé. Si j'ai bien compris celui-ci (et je pense l'avoir bien compris, car je lui ai posé explicitement la question, lors d'une de ses conférences), lorsqu'il parle d'amour dans le couple, il parle de sentiment : pour lui, c'est le sentiment amoureux et lui seul qui justifie qu'un couple se forme. Quand ce sentiment amoureux s'estompe, voire disparaît, ce qui arrive presqu'inévitablement, la séparation ne tarde pas à suivre. J'ai une vision beaucoup plus chrétienne de l'amour dans un couple. Pour l'Eglise catholique, ce qui fonde le mariage, au-delà du sentiment amoureux, forcément précaire, c'est l'engagement libre, ferme et irrévocable de l'homme et de la femme, l'un envers l'autre, à aimer son conjoint. Aimer mon conjoint, cela veut dire agir envers lui comme j'aimerais qu'il agisse envers moi si j'étais à sa place et lui à la mienne. « Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le vous-mêmes pour eux : c'est la Loi et les Prophètes. » (Mt 7, 12).

 

(1) L'anecdote suivante illustrera mon propos. Il y a quelques mois, avec un ami, nous avons organisé, pour le compte d'un groupe d'anciens (dont nous faisons partie) de l'ESCP EUROPE, une table ronde sur le thème de l'emploi des séniors. Notre première version d'invitation montrait un senior sur la poitrine duquel figurait une étoile jaune où était écrit "sénior". Cela provoqua un tollé parmi les membres de notre groupe, à tel point que nous dûmes retirer prestement cette étoile et que la table ronde faillit être annulée. Notre visuel fut jugé par certains "inadmissible", "scandaleux", "irrespectueux", "choquant", etc. Ce jugement s'appuyait, non pas sur le message que ce visuel voulait faire passer (pas une seule personne ne nous demanda ce que nous avions voulu dire), mais sur l'interprétation que chacun en avait faite.

 

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17 octobre 2010 7 17 /10 /octobre /2010 17:31

Résumé

Il est nécessaire de disposer, en France, d’un ou plusieurs partis politiques libéraux, mais ceux-ci n’arriveront pas à leurs fins si leurs adhérents et sympathisants se limitent à une action dans le cadre du parti.

Un parti politique peut, à l’occasion d’élections, mesurer le taux de pénétration des idées qu’il défend. Mais il n’est pas adapté pour convertir la population aux dites idées. D’autres organisations le sont bien davantage, notamment les syndicats.

 

Il peut être décourageant, pour un libéral, de voir des partis politiques libéraux se créer, faire naître un espoir, obtenir quelques modestes résultats, puis stagner ou disparaître.

J’affirme que l’aventure de Alternative Libérale et du Parti Libéral Démocrate sera, comme celle de leur aînée Démocratie Libérale, sans lendemain, si ces jeunes partis reproduisent l’erreur de DL. Cette erreur consiste à croire qu’un parti politique est fait pour répandre une idéologie, une doctrine.

 

Remarquons, tout d’abord, que l’expression « parti politique libéral » est une sorte d’oxymore. En effet, les libéraux ne veulent pas faire de la politique, c’est à dire s’occuper des affaires de la cité (au sens de collectivité). Ils souhaitent plutôt arracher aux hommes politiques les affaires que ces derniers prétendent gérer, alors qu’elles relèvent du seul individu.
Lorsque certains me « soupçonnent » de faire de la politique, je me plais à leur dire que, bien au contraire, je fais de l’anti-politique !

 

Je compare volontiers un parti politique à une moissonneuse-batteuse. Un parti politique est fait pour procéder à une récolte, celle des voix des électeurs.. Le temps de la moisson, ce sont les périodes électorales.

 

Avant de récolter, ne faut-il pas labourer, semer, arroser, mettre de l’engrais, traiter, etc. ? Si oui, la moissonneuse-batteuse est-elle un engin adapté pour réaliser ces opérations ? Je ne le pense pas. La moissonneuse travaille en surface, comme le parti politique, et non pas en profondeur.

Nous ne devenons sympathisants, voire militants, d’un parti politique qu’à partir du moment où nous savons que ce parti défend à peu près des idées qui sont proches des nôtres. Ce n’est que dans cette hypothèse que nous sommes disponibles, ouverts à la communication interne (conférences, formations, livres,…) dudit parti, la seule susceptible d’aller en profondeur, de nous parler de « ce qui ne se voit pas ».

La communication externe ne dispose que de quelques instants pour attirer l’électeur moyen. Elle doit donc se limiter à « ce qui se voit ». Elle reste superficielle et il ne peut pas en être autrement. Combien d’entre nous ont-ils été convertis (j’utilise à dessein le mot « convertis » pour signifier que je veux parler d’un véritable retournement) au libéralisme par DL, AL ou le PLD ? A mon avis, aucun ou presque.

 

En va-t-il de même pour le PC, le PS, le RPR, l’UMP, le FN, les partis écologistes, etc. ? Il me semble que oui : aucun d’eux n’a jamais converti qui que ce soit. Alors, pourquoi ces partis ont-ils autant de sympathisants et de militants (tout est relatif !) si ce ne sont pas eux qui ont gagné la population à leurs idées ?

 

Je crois que tout est parti de « lobbys », notamment de syndicats. Ces groupes de pression, tels les fabricants de chandelles de la fameuse pétition de Frédéric Bastiat, se sont adressés au gouvernement pour le convaincre que telle ou telle mesure (qui leur attribuerait dans les faits un privilège) ne serait que justice et correspondrait à l’intérêt du pays tout entier. Au passage, ils ont su gagner à leurs vues une grande majorité de la population, faute de quoi leurs revendications n’auraient pu aboutir. Les agriculteurs, les cheminots, les agents d’EDF, les taxis, les médecins, les enseignants, les libraires, les syndicats, certaines associations, les partis politiques, etc. ont ainsi progressivement obtenu divers avantages (subventions, monopole, numerus clausus, prix minimum garanti, etc.). Les dirigeants de l’Etat ont, petit à petit, cédé à ces pressions. Ils se sont rendu compte que la population, non seulement ne leur reprochait pas d’avoir attribué ces privilèges, mais encore soutenait ceux qui en demandaient davantage. Ces dirigeants ont compris, de plus, que cela justifiait leurs pouvoirs de plus en plus étendus, leur prestige et leurs propres privilèges.

 

Deux autres groupes de pression ont joué un rôle considérable pour répandre les idées antilibérales dans la population : l’Education Nationale et les medias. Leur caractéristique est qu’ils cherchent plus à défendre une idéologie (antilibérale) qu’un groupe de personnes déterminé.

 

Il n’est pas illogique de penser, pour semer notre bon grain, à se servir des mêmes outils qui ont été utilisés par nos adversaires pour semer leur ivraie : les groupes de pression. Tout en sachant que notre tâche sera compliquée par le fait que les dirigeants politiques aiment l’ivraie (ils en vivent et en font donc la promotion), tandis qu’ils détestent le bon grain. En effet, l’ivraie, pour nous autres libéraux, c’est cette idée selon laquelle il est bon que l’Etat intervienne dans la vie économique et sociale, soit en étant propriétaire de moyens de production ou d’échange (ex : la Sécurité Sociale, l'Education Nationale ou les Prud’hommes), soit en imposant des règles (interdictions ou obligations) qui empêchent le marché de fonctionner librement (ex : réglementation du travail, numerus clausus, loi sur le prix unique des livres...). Bien évidemment, les hommes de l’Etat n’aiment pas qu’on conteste leur raison d’être.

 

Des groupes de pression ont déjà été mis en place par les libéraux : Contribuables Associés (probablement le plus important en France), mais bien d’autres aussi, généralistes (l’ALEPS, Liberté Chérie, Instituts Turgot et Molinari, …) ou spécialisés (retraites, école libre, enfants à naître, protection sociale, …)

 

Une forme de groupes de pression n’a pratiquement pas été utilisé par les libéraux, alors que leurs adversaires ne se sont pas fait prier pour y recourir : les syndicats, notamment les syndicats professionnels représentant des salariés. Or cette forme de groupe de pression dispose d’avantages décisifs par rapport aux autres formes :

Ø      Elle a accès presque libre au sein des entreprises, contrairement aux partis politiques et aux associations.
Il lui suffit de disposer d’un représentant au sein de l’entreprise pour pouvoir diffuser des tracts à la sortie de l’entreprise, proposer une newsletter électronique aux salariés, éventuellement faire partie des IRP (Instances Représentatives du Personnel : CE et Délégués du Personnel, notamment) et avoir accès aux panneaux d’affichage légaux.

Ø      Dans l’entreprise, on a accès à une population essentiellement non libérale (ou pas consciente de l’être), celle qui, justement, est à convertir.
Le plus souvent, lorsqu’une organisation libérale met sur pied une manifestation, seuls des libéraux y participent. Nous fonctionnons essentiellement en circuit fermé. Parmi les rares exceptions, il y a les opérations montées à l’occasion de grèves.

Ø      Cet accès à la population à convertir est quasi-permanent : tous les jours et presqu’à toute heure, on peut défendre ses idées auprès de collègues de travail, par les moyens précités, mais aussi en discutant à la cantine, près de la machine à café ou, parfois, dans les transports en commun. Ceci est très important, car la répétition des messages est très souvent indispensable pour convaincre.

Ø      La population à convertir est plus disponible sur le lieu de travail, les jours ouvrés.
Bien entendu, il n’est pas question ici d’inciter qui que ce soit à la désinvolture professionnelle. Je veux simplement dire que faire sortir les gens de chez eux le soir ou le week-end, alors qu’ils aspirent au repos, aux loisirs ou à la vie de famille, est beaucoup plus difficile que de leur parler sur le lieu de travail, lors des pauses.

Ø      Les deux principales préoccupations des Français sont le chômage et le pouvoir d’achat. Si le lieu idéal pour parler de ces sujets n’est pas l’entreprise, je me demande ce que ça peut être ! Demander à l’employeur, via les Délégués du Personnel, la mise en place du bulletin de salaire complet (ça ne lui coûtera rien) me paraît un moyen efficace d’aborder ces deux sujets.

Ø      Il y a de la place à prendre sur le marché syndical, ce qui n’est pas vraiment le cas sur le marché politique et sur le marché associatif.
Seulement 8%, au plus, de la population salariée est syndiquée, et ce chiffre tombe à moins de 5% dans le privé. Un nombre important d’entreprises susceptibles d’avoir des DP et, parfois, un CE, n’en ont pas, faute de candidats.

 

J’invite donc les dirigeants des partis politiques libéraux, non pas à transformer leur parti en syndicat, mais à inciter leurs membres à ajouter à leur engagement politique un engagement syndical en rejoignant un syndicat d’inspiration libérale. Si seulement 1% des membres ou sympathisants de AL et du PLD étaient actifs au sein d’un syndicat, nous pourrions savoir rapidement si le point de vue défendu dans le présent article est valide ou non.

 

Enfin, le chrétien que je suis souhaite terminer par une dernière invitation. Je crois à un Dieu libérateur, qui n’intervient pas directement dans notre vie (sinon, il ne respecterait pas notre liberté !) mais indirectement, en nous envoyant (surtout si nous le lui demandons dans la prière) son Esprit, qui éclaire notre conscience. J’invite donc ceux qui ont foi en ce Dieu libérateur à le prier, avec persévérance, sans jamais baisser les bras, pour qu’il nous envoie son Esprit Saint en abondance, afin que nous sachions participer efficacement à son œuvre de salut (mot qui signifie délivrance, élargissement, libération).

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5 novembre 2008 3 05 /11 /novembre /2008 12:09

Il n’est pas toujours facile d’expliquer clairement pourquoi la réglementation du travail engendre du chômage. Voici quelques éléments de démonstration qui, je l’espère, convaincront mes lecteurs. 

Supposons que, sur un marché local, la règle suivante soit un jour promulguée, pour « protéger » les marchands, leur assurer un revenu minimum : « Il est interdit aux commerçants de vendre le kilogramme de marchandise moins de trois euros ». Il est aisé de comprendre que la plupart des marchands ne seront pas gênés, mais que quelques-uns verront leur activité chuter. Je pense, par exemple, au marchand de pommes de terre, qui sera abandonné par la plupart de ses clients.

Et bien le SMIC a le même type de conséquence : il dissuade un certain nombre d’employeurs de recourir aux services de personnes auxquelles il aurait pourtant un travail à proposer, mais à un tarif moindre. Cette intervention de l’Etat dans le marché du travail cause à celui-ci des dégâts considérables. 

Voici maintenant un courbe représentant le niveau de « performance » d’une personne au travail en fonction de son âge. Bien sûr, ce niveau est tout à fait subjectif. En outre, il dépend de facteurs tout autres que l’âge. La courbe ci-dessous a pour principal but de représenter l’idée suivante, que peu contesteront, je crois : durant notre vie professionnelle, notre performance (efficacité, productivité) commence par croître, puis atteint un optimum avant de décroître.


 
Le niveau de performance individuel est représenté en pointillés verts, le prix de vente, aux clients de l’employeur, de l’activité de l’individu concerné est présenté sous forme de ligne continue bleu ciel, l’écart vertical entre ces deux courbes représentant la marge de l’employeur. L’âge auquel l’optimum est atteint dépend de l’emploi concerné (dans des emplois très physiques –sportif professionnel, par exemple- l’âge optimal sera moins élevé que dans des métiers plus intellectuels). Sur la courbe ci-dessus, l’optimum est situé autour de 42 ans. 
 

On peut contester l’amplitude des écarts de performance sur cette courbe, mais pas le fait qu’avec le temps, notre mémoire se détériore, ainsi que notre vivacité d’esprit[i], notre force et notre résistance physique, notre aptitude au changement, etc.. Tout ceci, à partir d’un certain âge, fait plus que compenser les facteurs positifs comme l’accroissement de notre niveau de compétence technique (par la formation et par l’expérience).

Examinons maintenant la situation d’un salarié arrivé à son âge de performance optimale. Son employeur a en tête, plus ou moins consciemment, l’idée que la performance du salarié va diminuer dans les années à venir, alors que, compte tenu de la législation du travail, sa rémunération ne pourra pas diminuer et qu’elle devra même, dans de nombreux cas, augmenter ! La perte financière attendue est représentée par l’aire comprise entre le segment de droite en tirets rouges et la courbe continue bleue. Cet employeur est donc bien évidemment enclin à licencier ce salarié, ce qui lui coûtera plus ou moins d’argent[ii], mais, souvent, nettement moins que la perte attendue s’il avait conservé le salarié jusqu’au départ à la retraite de celui-ci.

Si la même personne se retrouve sur le marché du travail à son âge de performance optimale ou après, il est facile à comprendre devant quelles difficultés elle se trouvera et le peu d’espoirs qu’elle peut nourrir.

Quant on y réfléchit bien, la réglementation du travail qui empêche l’ajustement du salaire au niveau de performance (même subjectif) du salarié est aussi stupide qu’une réglementation qui interdirait à un consommateur d’acheter son kilogramme de fraises, en plein été, moins cher qu’il ne le payait au creux de l’hiver, et qui lui interdirait simultanément, du changer de fournisseur de fruits sans "cause réelle et sérieuse" et sans l'indemniser ! 

La libre négociation permanente du contrat de travail (pouvant aller jusqu’au licenciement sans indemnités ni justification, si cela est prévu au contrat) est donc une condition nécessaire et –je l’affirme- suffisante au retour au plein emploi. 

Ce sera l’un des chevaux de bataille de l’organisation syndicale professionnelle que des amis et moi sommes en train de monter. 

Je souhaite évoquer, pour terminer, l’évolution en cours de la législation relative à l’âge maximum du départ à la retraite. Les députés viennent de faire passer cet âge de 65 à 70 ans. Cette évolution va dans le bon sens, mais elle est caractéristique de l’esprit « constructiviste » de nos élites politiques : pourquoi fixer un âge limite et ne pas laisser chaque individu entièrement libre ? En outre, un effet négatif induit par cette mesure est qu’elle va augmenter la perte attendue par un employeur, s’il conserve un salarié au-delà de l’âge de performance optimale de celui-ci. Elle incitera donc encore davantage cet employeur à licencier ! Si elle est définitivement adoptée, elle augmentera l’urgence de légiférer dans le sens que propose le présent article : celui de la liberté. 



[i] J’ai pu en faire l’expérience dans les circonstances suivantes. Durant un voyage en voiture, lors de l’été 2006 (peut-être même 2005, mais…je perds la mémoire !), pour occuper mes garçons âgés, à l’époque, de 15 ans et demi et 12 ans (quant à moi, j’avais récemment passé la cinquantaine), j’avais emporté des grilles de Sudoku que j’avais photocopiées en plusieurs exemplaires. J’ai donc organisé un petit concours de Sudoku entre nous trois : nous devions résoudre, chacun séparément, la même grille, en un minimum de temps. En moyenne, mon fils aîné mettait 50% de temps de moins que moi et le second 25% à 30% de moins. Je précise que mes points forts, pendant mes études, étaient le calcul mental et la logique.

[ii] Il est de plus en plus fréquent d’assister à des licenciements pour faute grave ou lourde, décidés en toute mauvaise foi, mais qui permettent aux employeurs de réduire les coûts de licenciement. Si les dirigeants, comme ceux d’un de mes anciens employeurs l'ont fait, peuvent obtenir un faux témoignage d’un représentant syndical affilié à une organisation « représentative » pour appuyer leur dossier de licenciement, le coût de celui-ci sera pratiquement nul.

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