Ainsi, Vincent m'écrivait-il : "Vu de l'extérieur (je ne suis pas catholique ni autre religion), à la télé et aux quelques mariages et enterrements auxquels j'ai pu assister, l'Eglise catholique française me donne l'impression d'avoir un discours de misérabilisme, genre, la pauvreté, c'est bien, le dénuement, c'est rejoindre le Christ. Je n'ai pas entendu de choses qui disent 'ta vie, c'est ta responsabilité, bouge toi'. De l'abbé Pierre à soeur Terresa ou l'autre prêtre ouvrier qui était à la mode et qui passait à la télé en blouson en cuir (Vincent pensait probablement au père Guy Gilbert), dans tout ça, j'ai du mal à voir le libéralisme.
En même temps, il m'a semblé que Jean-Paul II ou Benoît XVI, ça semble plus parler d'invididu responsable.
Alors, je me demandais s'il n'y a pas des catholiques étatistes et des catholiques libéraux ? Et comme dans tout le reste, le catholicisme français penche plutôt à gauche."
Christophe, baptisé et ayant fait sa 1ère communion, m'écrit, quant à lui :
J'entends moi aussi, régulièrement, des chrétiens dire les pires âneries. Elles viennent de chrétiens de base, mais aussi de prêtres ou d'évêques. La plupart d'entre eux ont une culture économique consternante, comme la plupart des Français, et ils répètent les sornettes proférées par la classe politico-médiatique ou par les enseigants. Cela donne :
Un évêque, alors que je lui demandais "Quelle image du libéralisme les prêtres ont-ils ?" me répondit "Pour la plupart d'entre eux, le libéralisme, c'est le règne du fric, l'argent-roi"
Je constate que certains aspects de la doctrine sociale de l'Eglise (sur la vie économique, le travail humain, les principes fondamentaux, le sous-développement, ..) sont méconnus de l'immense majorité des catholiques, clergé compris.
J'ai découvert, il y a quelques semaines, que les commentaires de Marie-Noëlle Thabut sur les textes de la liturgie dominicales, que j'écoute parfois sur Radio Notre-Dame, le dimanche de 8 heures à 8 heures 30, sont maintenant disponibles (pendant deux semains environ) sur Internet. Je trouve ces commentaires remarquables, en ce sens qu'ils donnent des explications sur le contexte historique, d'autres sur le sens à donner à certains mots, d'autres enfin sur le sens général des lectures, l'interprétation à leur donner.
Cette femme insiste régulièrement sur le fait que le Dieu des chrétiens est un Dieu qui veut la liberté des hommes. Prenons deux exemples, précédés par un commentaire qui me semble fondamental : celui de la 2e lecture du 2e dimanche de l'Avent - A (Romains 15, 4 - 9).
" Voilà une phrase à écrire en lettres d’or : « Frères, tout ce que les livres saints ont dit avant nous est écrit pour nous instruire afin que nous possédions l’espérance grâce à la persévérance et au courage que donne l’Ecriture. »
- Etre convaincu que l’Ecriture n’a qu’un but, celui de nous instruire, qu’elle est pour nous source de persévérance et de courage, c’est la seule clé pour l’aborder. A partir du moment où nous abordons la Bible avec cet a priori positif, les textes s’éclairent. Pour le dire autrement, l’Ecriture est toujours Bonne Nouvelle ; concrètement, cela veut dire que si nous ne trouvons pas dans les textes une parole libérante, c’est que nous ne les avons pas compris. Ce n’est pas un péché de ne pas comprendre, il faut seulement continuer à travailler pour découvrir la Bonne Nouvelle qui est toujours dans l’Ecriture.
- Quand nous acclamons la Parole de Dieu à la Messe, ou bien quand nous disons « Evangile, (c’est-à-dire Bonne Nouvelle) de Jésus-Christ notre Seigneur », ce n’est pas une simple façon de parler. C’est le contenu même de notre foi ; comme dirait La Fontaine « Un trésor est caché dedans » ; à nous de creuser le texte pour le découvrir.
- Pas étonnant que l’Ecriture nourrisse notre espérance puisqu’elle n’a en définitive qu’un seul sujet, l’annonce du fantastique projet de Dieu, ce que Paul appelle le « dessein bienveillant de Dieu », c’est-à-dire la parole d’amour de Dieu à l’humanité.
Exemple 1, au sujet de la première lecture du 3e dimanche de l'avent :
"(...) Et tout cela sera l’oeuvre de Dieu : « Il vient lui-même et va vous sauver... » ; c’est cette œuvre de salut que le prophète appelle « la gloire de Dieu ». Il dit : « On verra la gloire du Seigneur, la splendeur de notre Dieu. » Et Isaïe continue : « Ils reviendront les captifs rachetés par le Seigneur » ; et l’on sait que le mot « rachetés », dans la Bible, veut dire « libérés » ; tout comme le mot « rédemption » signifie « libération ».
La Loi juive prévoyait une règle qu’on appelait le « rachat » : lorsqu’un débiteur était obligé de vendre sa maison ou son champ pour payer ses dettes, son plus proche parent payait le créancier à sa place et le débiteur gardait donc sa propriété (Lv 25, 25) ; si le débiteur avait été obligé de se vendre lui-même comme esclave à son créancier parce qu’il ne possédait plus rien, de la même manière son plus proche parent intervenait auprès du créancier pour libérer le débiteur, on disait qu’il le « revendiquait ». Il y avait bien un aspect financier, mais il était secondaire : ce qui comptait avant tout, c’était la libération du débiteur.
Le génie d’Isaïe a été d’appliquer ces mots à Dieu lui-même pour nous faire comprendre deux choses : premièrement, Dieu est notre plus proche parent ; deuxièmement, il veut nous libérer de tout ce qui nous emprisonne. Et c’est pourquoi nous chantons si volontiers « Alleluia » qui veut dire « Dieu nous a amenés de la servitude à la libération ».
Exemple 2
COMMENTAIRE |
Paul est en prison à Rome, il sait qu’il sera prochainement exécuté : il donne ici ses dernières recommandations à Timothée ; « Fils bien-aimé, avec la force de Dieu,
prends ta part de souffrance pour l’annonce de l’Evangile ». « Prends ta part de souffrance » : cette souffrance, c’est la persécution ; elle est inévitable pour un véritable disciple
du Christ. Jésus l’avait dit lui-même « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même et prenne sa croix et qu’il me suive... Qui perdra sa vie à cause de moi et de
l’Evangile la sauvera. » (Mc 9, 34-45). |