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20 février 2008 3 20 /02 /février /2008 23:33
Parmi mes amis libéraux, plusieurs m'ont fait part de leur scepticisme quant à la compatibilité entre la doctrine sociale de l'Eglise catholique et la pensée libérale.

Ainsi, Vincent m'écrivait-il : "Vu de l'extérieur (je ne suis pas catholique ni autre religion), à la télé et aux quelques mariages et enterrements auxquels j'ai pu assister, l'Eglise catholique française me donne l'impression d'avoir un discours de misérabilisme, genre, la pauvreté, c'est bien, le dénuement, c'est rejoindre le Christ. Je n'ai pas entendu de choses qui disent 'ta vie, c'est ta responsabilité, bouge toi'. De l'abbé Pierre à soeur Terresa ou l'autre prêtre ouvrier qui était à la mode et qui passait à la télé en blouson en cuir (Vincent pensait probablement au père Guy Gilbert), dans tout ça, j'ai du mal à voir le libéralisme.
En même temps, il m'a semblé que Jean-Paul II ou Benoît XVI, ça semble plus parler d'invididu responsable.
Alors, je me demandais s'il n'y a pas des catholiques étatistes et des catholiques libéraux ? Et comme dans tout le reste, le catholicisme français penche plutôt à gauche."

Christophe, baptisé et ayant fait sa 1ère communion, m'écrit, quant à lui :
"Je suis allé à de nombreux mariages où j'ai entendu des choses incroyables. Du genre: 
- Si X et Y se marient aujourd'hui, ce n'est pas parce qu'ils l'ont décidé mais parce que Dieu l'a décidé
- Quoi que nous fassions, rien n'est de notre fait
- Nous ne sommes que des agneaux irresponsables guidés par Dieu
Avec un tel état d'esprit, on peut se demander comment Dieu pourrait juger les hommes s'ils ne sont responsables de rien." 

J'entends moi aussi, régulièrement, des chrétiens dire les pires âneries. Elles viennent de chrétiens de base, mais aussi de prêtres ou d'évêques. La plupart d'entre eux ont une culture économique consternante, comme la plupart des Français, et ils répètent les sornettes proférées par la classe politico-médiatique ou par les enseigants. Cela donne :
(Un prêtre, durant son homélie) : "Bien sûr, il n'est pas question pour moi de critiquer les décisions du gouvernement. Les lois votées sont sûrement toutes bonnes"
(Un autre prêtre, durant son homélie) : "S'il y a des riches, ils le sont forcément devenus au détriment des pauvres"
Un évêque, alors que je lui demandais "Quelle image du libéralisme les prêtres ont-ils ?" me répondit "Pour la plupart d'entre eux, le libéralisme, c'est le règne du fric, l'argent-roi"

Je constate que certains aspects de la doctrine sociale de l'Eglise (sur la vie économique, le travail humain, les principes fondamentaux, le sous-développement, ..) sont méconnus de l'immense majorité des catholiques, clergé compris.

J'ai découvert, il y a quelques semaines, que les
commentaires de Marie-Noëlle Thabut sur les textes de la liturgie dominicales, que j'écoute parfois sur Radio Notre-Dame, le dimanche de 8 heures à 8 heures 30, sont maintenant disponibles (pendant deux semains environ) sur Internet. Je trouve ces commentaires remarquables, en ce sens qu'ils donnent des explications sur le contexte historique, d'autres sur le sens à donner à certains mots, d'autres enfin sur le sens général des lectures, l'interprétation à leur donner.
Cette femme insiste régulièrement sur le fait que le Dieu des chrétiens est un Dieu qui veut la liberté des hommes. Prenons deux exemples, précédés par un commentaire qui me semble fondamental : celui de la 2e lecture du 2e dimanche de l'Avent - A (Romains 15, 4 - 9).

" Voilà une phrase à écrire en lettres d’or : « Frères, tout ce que les livres saints ont dit avant nous est écrit pour nous instruire afin que nous possédions l’espérance grâce à la persévérance et au courage que donne l’Ecriture. »

- Etre convaincu que l’Ecriture n’a qu’un but, celui de nous instruire, qu’elle est pour nous source de persévérance et de courage, c’est la seule clé pour l’aborder. A partir du moment où nous abordons la Bible avec cet a priori positif, les textes s’éclairent. Pour le dire autrement, l’Ecriture est toujours Bonne Nouvelle ; concrètement, cela veut dire que si nous ne trouvons pas dans les textes une parole libérante, c’est que nous ne les avons pas compris. Ce n’est pas un péché de ne pas comprendre, il faut seulement continuer à travailler pour découvrir la Bonne Nouvelle qui est toujours dans l’Ecriture.

- Quand nous acclamons la Parole de Dieu à la Messe, ou bien quand nous disons « Evangile, (c’est-à-dire Bonne Nouvelle) de Jésus-Christ notre Seigneur », ce n’est pas une simple façon de parler. C’est le contenu même de notre foi ; comme dirait La Fontaine « Un trésor est caché dedans » ; à nous de creuser le texte pour le découvrir.

- Pas étonnant que l’Ecriture nourrisse notre espérance puisqu’elle n’a en définitive qu’un seul sujet, l’annonce du fantastique projet de Dieu, ce que Paul appelle le « dessein bienveillant de Dieu », c’est-à-dire la parole d’amour de Dieu à l’humanité.

Exemple 1, au sujet de la première lecture du 3e dimanche de l'avent :
"(...) Et tout cela sera l’oeuvre de Dieu : « Il vient lui-même et va vous sauver... » ; c’est cette œuvre de salut que le prophète appelle « la gloire de Dieu ». Il dit : « On verra la gloire du Seigneur, la splendeur de notre Dieu. » Et Isaïe continue : « Ils reviendront les captifs rachetés par le Seigneur » ; et l’on sait que le mot « rachetés », dans la Bible, veut dire « libérés » ; tout comme le mot « rédemption » signifie « libération ».

La Loi juive prévoyait une règle qu’on appelait le « rachat » : lorsqu’un débiteur était obligé de vendre sa maison ou son champ pour payer ses dettes, son plus proche parent payait le créancier à sa place et le débiteur gardait donc sa propriété (Lv 25, 25) ; si le débiteur avait été obligé de se vendre lui-même comme esclave à son créancier parce qu’il ne possédait plus rien, de la même manière son plus proche parent intervenait auprès du créancier pour libérer le débiteur, on disait qu’il le « revendiquait ». Il y avait bien un aspect financier, mais il était secondaire : ce qui comptait avant tout, c’était la libération du débiteur.

Le génie d’Isaïe a été d’appliquer ces mots à Dieu lui-même pour nous faire comprendre deux choses : premièrement, Dieu est notre plus proche parent ; deuxièmement, il veut nous libérer de tout ce qui nous emprisonne. Et c’est pourquoi nous chantons si volontiers « Alleluia » qui veut dire « Dieu nous a amenés de la servitude à la libération ».

Exemple 2
DEUXIEME DIMANCHE DE CAREME - A
DEUXIEME LECTURE - - Deuxième Lettre à Timothée 1, 8b - 10
 

Fils bien-aimé,


8 avec la force de Dieu, prends ta part de souffrance
pour l'annonce de l'Evangile.
9 Car Dieu nous a sauvés,
et il nous a donné une vocation sainte,
non pas à cause de nos propres actes,
mais à cause de son projet à lui et de sa grâce.
Cette grâce nous avait été donnée dans le Christ Jésus avant tous les siècles,
10 et maintenant elle est devenue visible à nos yeux,
car notre Sauveur, le Christ Jésus, s'est manifesté
en détruisant la mort,
et en faisant resplendir la vie et l'immortalité
par l'annonce de l'Evangile.


 © AELF

COMMENTAIRE
 

Paul est en prison à Rome, il sait qu’il sera prochainement exécuté : il donne ici ses dernières recommandations à Timothée ; « Fils bien-aimé, avec la force de Dieu, prends ta part de souffrance pour l’annonce de l’Evangile ». « Prends ta part de souffrance » : cette souffrance, c’est la persécution ; elle est inévitable pour un véritable disciple du Christ. Jésus l’avait dit lui-même « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même et prenne sa croix et qu’il me suive... Qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Evangile la sauvera. » (Mc 9, 34-45).

L’expression « l’annonce de l’Evangile » se retrouve à l’identique à la fin de ce passage qui se présente donc comme une inclusion ; et le passage central, encadré par ces deux expressions identiques détaille ce que c’est que cet Evangile ; quand Paul emploie le mot « évangile », il ne pense pas aux quatre livres que nous connaissons aujourd’hui et que nous appelons les quatre évangiles ; il emploie le mot « évangile » dans son sens étymologique de « bonne nouvelle ». Tout comme Jésus lui-même l’employait quand il commençait sa prédication en Galilée en disant « Convertissez-vous, croyez à l’évangile, à la bonne nouvelle. » Et il ne s’agit pas de n’importe quelle bonne nouvelle : ce mot « évangile » était employé pour annoncer la naissance de l’empereur ou sa venue dans une ville. Il est évidemment intéressant d’entendre ce mot ici : cela veut dire que la prédication chrétienne est l’annonce que le royaume de Dieu est enfin inauguré.
En ce qui concerne Paul, c’est donc dans la phrase centrale de notre texte que nous allons découvrir en quoi consiste pour lui l’évangile : il tient finalement en quelques mots : « Dieu nous a sauvés par Jésus-Christ ».

« Dieu nous a sauvés », c’est au passé, c’est acquis, mais en même temps, pour que les hommes entrent dans ce salut, il faut que l’évangile leur soit annoncé ; c’est donc vraiment d’une vocation sainte que nous sommes investis : « Dieu nous a sauvés , et il nous a donné une vocation sainte » : ... « vocation sainte » parce qu’elle est confiée par le Dieu saint, vocation sainte parce qu’il s’agit ni plus ni moins d’annoncer le projet de Dieu, vocation sainte parce que le projet de Dieu a besoin de notre collaboration : chacun doit y prendre sa part, comme dit Paul.

Mais l’expression « vocation sainte » signifie aussi autre chose : le projet de Dieu sur nous, sur l’humanité, est tellement grand qu’il mérite bien cette appellation ; car si j’en crois ce que Paul dit ailleurs du « dessein bienveillant de Dieu », la vocation de toute l’humanité est de ne faire plus qu’un en Jésus-Christ, d’être le Corps dont le Christ est la tête, et d’entrer dans la communion de la Trinité sainte. La vocation particulière des apôtres s’inscrit dans cette vocation universelle de l’humanité.

Je reviens sur la phrase « Dieu nous a sauvés » : dans la Bible, le mot « sauver » veut toujours dire « libérer » ; il a fallu toute la découverte progressive de cette réalité par le peuple de l’Alliance : Dieu veut l’homme libre et il intervient sans cesse pour nous libérer de toute forme d’esclavage ; des esclavages, l’humanité en subit de toute sorte : esclavages politiques comme la servitude en Egypte, ou l’Exil à Babylone, par exemple, et chaque fois, Israël a reconnu dans sa libération l’oeuvre de Dieu ; esclavages sociaux et la loi comme les prophètes appellent sans cesse à la conversion des coeurs pour que tout homme ait les moyens de subsister dignement et librement ; esclavages religieux, plus pernicieux encore ; la phrase célèbre « Liberté, combien de crimes a-t-on commis en ton nom ! « pourrait se dire encore plus scandaleusement « Religion, combien de crimes a-t-on commis en ton nom ! » ... Et les prophètes sont terribles là-dessus, pour interdire et chasser toutes les formes d’idolâtrie : cela n’a pas d’autre but que de nous libérer.

Le dernier esclavage, enfin, le plus terrible, est celui de la mort. Vous connaissez le psaume 109 / 110 qui annonce le Messie comme un roi victorieux sur tous ses ennemis et Paul l’applique à Jésus en disant sa victoire sur la mort ; le psaume 109 dit : « Le Seigneur a dit à mon seigneur (c’est-à-dire au Messie) Siège à ma droite, que je fasse de tes ennemis l’escabeau de tes pieds » ; et Paul complète dans la première lettre aux Corinthiens « le dernier ennemi qui sera détruit, c’est la mort » (1 Co 15, 25-26).

« Notre sauveur, le Christ Jésus s’est manifesté en détruisant la mort et en faisant briller la vie et l’immortalité » ; nous retrouvons ici les oppositions de Paul, mort / vie, ténèbres / lumière ; vous me direz « nous continuons à mourir » ; oui, mais désormais la mort nous apparaît comme le passage au-delà duquel brille la lumière sans déclin. La mort biologique fait partie de notre constitution physique faite de poussière, comme dit le livre de la Genèse, mais elle ne nous sépare pas de Jésus-Christ. En nous, il y a une vie, faite de notre relation à Dieu et que rien, même la mort biologique, ne peut détruire ; c’est ce que Saint Jean appelle « la vie éternelle ».


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15 février 2008 5 15 /02 /février /2008 09:24
La remarquable association Sauvegarde Retraites mène actuellement une campagne qui mérite, à mon goût, d'être soutenue. Voici le texte du billet que viens de recevoir de sa part.

****************************************
LE BILLET DE SAUVEGARDE RETRAITES
****************************************

Vous êtes retraité et, cette année, votre pension n'est revalorisée que de 1,1 % ?
Vous êtes toujours en activité, et votre retraite, vous n'osez pas trop y compter ?

Et bien, comprenez que les fonctionnaires en retraite dans les îles d'Outre-mer s'en contrefichent littéralement.

Pour eux, le moins que l'on puisse dire, c'est que ça baigne !

+ 75 % de majoration de pension pour ceux qui s'installent en Polynésie (Tahiti, Bora-Bora...), en Nouvelle-Calédonie ou à Wallis-et-Futuna...

Le tout agrémenté d'une fiscalité très exotique : exonération de CSG-CRDS, réduction d'impôts...

Le système de retraite français a beau s'effondrer, les fonctionnaires sont de plus en plus nombreux, sans scrupules, à aller se prélasser sous les cocotiers.

Jugez plutôt :

 

OUVRIR LE DIAPORAMA
.

 

Si vous ne parvenez pas à lire ce diaporama, nous vous invitons à télécharger la visionneuse powerpoint de Microsoft en cliquant ici (ce téléchargement ne prendra que deux à trois minutes).

 
  Marie-Laure Dufrêche
  Déléguée Générale

__________________________________________________
Sauvegarde Retraites, association Loi 1901 indépendante de toute
formation politique, syndicale ou professionnelle, rassemble
plus de 75 000 personnes qui veulent obtenir un système de retraite
plus efficace, plus juste et plus responsable.
L'association se refuse statutairement de recevoir des subventions.
Elle ne vit que des dons de ses membres donateurs.

Pour faire un don en ligne, c'est simple, rapide, sécurisé, cliquez ici.

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12 février 2008 2 12 /02 /février /2008 16:24
Le présent article fait partie d'une série exposant les grandes lignes de la doctrine sociale de l'Eglise catholique et montrant, notamment, la promotion que fait celle-ci de la liberté de chaque personne humaine. Cette série s'appuie sur le compendium  de la doctrine sociale de l'Eglise, dont il reprend différents passages (en rouge, ceux qui parlent plus particulièrement de liberté). Le thème "Sauvegarder l'environnement" fait l'objet du chapitre X du compendium (articles 451 à 487). En mauve, figurent des passages qui, de mon point de vue et pour des raisons que j'expliquerai, prêtent à contestation.

451 L'expérience vive de la présence divine dans l'histoire est le fondement de la foi du peuple de Dieu (...)
La foi d'Israël vit dans le temps et dans l'espace de ce monde, perçu non pas comme un milieu hostile ou comme un mal dont il faut se libérer, mais plutôt comme le don même de Dieu, le lieu et le projet qu'il confie à la conduite responsable et au travail de l'homme. La nature, œuvre de l'action créatrice divine, n'est pas une concurrente dangereuse. Dieu, qui a fait toutes choses, pour chacune d'elle « vit que cela était bon » (Gn 1, 4.10.12.18. 21.25). Au sommet de sa création, comme quelque chose de « très bon » (Gn 1, 31), le Créateur place l'homme. Seuls l'homme et la femme, parmi toutes les créatures, ont été voulus par Dieu « à son image » (Gn 1, 27): c'est à eux que le Seigneur confie la responsabilité de toute la création, la tâche de prendre soin de son harmonie et de son développement (cf. Gn 1, 26-30). Le lien spécial du couple humain avec Dieu explique sa position privilégiée dans l'ordre de la création.

453 Le salut définitif, que Dieu offre à toute l'humanité par son propre Fils, ne s'accomplit pas en dehors de ce monde. Bien que blessé par le péché, il est destiné à connaître une purification radicale (cf. 2 P 3, 10) dont il sortira renouvelé (cf. Is 65, 17; 66, 22; Ap 21, 1), en devenant finalement le lieu où « la justice habitera » (cf. 2 P 3, 13).
Dans son ministère public, Jésus met en valeur les éléments naturels. Il est non seulement un savant interprète de la nature à travers les images qu'il aime en offrir et les paraboles, mais il est aussi celui qui la domine (cf. l'épisode de la tempête apaisée en Mt 14, 22-33; Mc 6, 45-52; Lc 8, 22- 25; Jn 6, 16-21): le Seigneur la met au service de son dessein rédempteur. Il demande à ses disciples de considérer les choses, les saisons et les hommes avec la confiance des fils qui savent ne pas pouvoir être abandonnés par un Père prévoyant (cf. Lc 11, 11-13). Loin de se faire esclave des choses, le disciple du Christ doit savoir s'en servir pour créer le partage et la fraternité (cf. Lc 16, 9-13).

456 La vision biblique inspire les comportements des chrétiens en ce qui concerne l'utilisation de la terre, ainsi que le développement de la science et de la technique.

463
Une conception correcte de l'environnement ne peut pas, d'une part, réduire de manière utilitariste la nature à un simple objet de manipulation et d'exploitation, et elle ne doit pas, d'autre part, l'absolutiser et la faire prévaloir sur la personne humaine au plan de la dignité.

465
Le Magistère souligne la responsabilité qui incombe à l'homme de préserver un environnement intègre et sain pour tous..

466
La protection de l'environnement constitue un défi pour l'humanité tout entière: il s'agit du devoir, commun et universel, de respecter un bien collectif..

467 La responsabilité à l'égard de l'environnement, patrimoine commun du genre humain, s'étend non seulement aux exigences du présent, mais aussi à celles du futur: (...)
Il s'agit d'une responsabilité que les générations présentes ont envers les générations à venir.

474 Les biotechnologies modernes ont un fort impact social, économique et politique, au plan local, national et international. Elles doivent être évaluées selon les critères éthiques qui doivent toujours orienter les activités et les rapports humains dans le domaine socio-économique et politique. Il faut avoir présent à l'esprit surtout les critères de justice et de solidarité, ..

475 Dans un esprit de solidarité internationale, différentes mesures peuvent être mises en œuvre quant à l'usage des nouvelles biotechnologies. Il faut faciliter, en premier lieu, des échanges commerciaux équitables, libres de contraintes injustes.

470 La programmation du développement économique doit considérer attentivement « la nécessité de respecter l'intégrité et les rythmes de la nature », car les ressources naturelles sont limitées et certaines ne sont pas renouvelables. (...) Toute activité économique qui se prévaut des ressources naturelles doit aussi se soucier de la sauvegarde de l'environnement et en prévoir les coûts, (...)
Une économie respectueuse de l'environnement ne poursuivra pas seulement l'objectif de la maximalisation du profit, car la protection de l'environnement ne peut pas être assurée uniquement en fonction du calcul financier des coûts et des bénéfices.
L'environnement fait partie de ces biens que les mécanismes du marché ne sont pas en mesure de défendre ou de promouvoir de façon adéquate.

473 La vision chrétienne de la création comporte un jugement positif sur la licéité des interventions de l'homme sur la nature, y compris aussi sur les autres êtres vivants, et, en même temps, un fort rappel au sens des responsabilités.

476 La solidarité comporte aussi un rappel à la responsabilité qu'ont les pays en voie de développement et, en particulier, leurs responsables politiques, de promouvoir une politique commerciale favorable à leurs peuples et les échanges de technologies capables d'améliorer leurs conditions alimentaires et sanitaires.

485
L'eau, de par sa nature même, ne peut pas être traitée comme une simple marchandise parmi tant d'autres et son usage doit être rationnel et solidaire.

487 L'attitude qui doit caractériser l'homme face à la création est essentiellement celle de la gratitude et de la reconnaissance: le monde, en effet, renvoie au mystère de Dieu qui l'a créé et le soutient. (...). Le monde s'offre au regard de l'homme comme trace de Dieu,
lieu où se révèle sa puissance créatrice, providentielle et rédemptrice. 

On trouve dans le remarquable livre du Professeur Pascal Salin, "Libéralisme", notamment au chapitre 16 ("La défense de l'environnement : bien public ou bien privé ?", une argumentation qui va à l'encontre des passages en mauve (articles 470 et 485, entre autres). J'invite mes lecteurs à lire ce livre, très clair, d'une logique irréfutable. Pascal Salin y développe l'idée que ce qui est "propriété collective" (dans le sens "propriété publique" est considéré par les individus comme n'appartenant à personne et personne ne voit donc son intérêt personnel à en prendre soin, au contraire de ce qui est propriété privée. Il explique pourquoi la protection des éléphants d'Afrique, des tortues de mer, des rhinocéros, de la forêt amazonienne, par exemple, passent par leur privatisation. Voici trois extraits du chapitre précité.

"Les tortues marines n'ont pas eu la même chance que les éléphants. En effet, il existait, il y a quelques années, deux fermes à tortues, l'une aux îles Caïmans, l'autre à Tahiti. L'intérêt de leurs propriétaires était évidemment de tout faire pour perpétuer l'espèce, en particulier en protégeant les oeufs contre les rapaces - qui suppriment environ 90% de la ponte - ou contre les humains, et en assurant le développement régulier et le renouvellement des tortues. Mais, hélas, les écologistes sont passés par là et ils ont fait interdire le commerce de l'écaille de tortue. Les fermes à tortues ont donc dû fermer, faute de débouchés. Mais cela n'empêche évidemment pas la capture illégale des rares spécimens qui subsistent. Il est maintenant presque certain, grâce à la réglementation internationale sur la protection des tortues, que celles-ci vont disparaître.
On peut multiplier les exemples, ils aboutissent tous à la même conclusion : seules l'instauration du capitalisme, c'est à dire d'un régime de droits de propriété privés, et la suppression du collectivisme permettent de défendre les espèces animales menacées et l'environnement. Et ce que l'on constate pour les espèces animales est également vrai, bien évidemment, pour les espèces végétales."

"Ainsi, il est constant de dénoncer la destruction des forêts tropicales par les grandes sociétés multinationales, symboles d'un capitalisme apatride et destructeur. Uniquement mues par le souci de maximiser leurs propres profits, elles coupent des arbres centenaires, pratiquent de larges saignées dans les forêts et, ce faisant, portent atteinte à ce "poumon de l'humanité" que seraient les forêts tropicales, en particulier la forêt amazonienne. Dans la description de ce carnage, on oublie cependant de préciser une chose, à savoir que ces grandes sociétés ne sont pas propriétaires de la forêt, mais qu'elles bénéficient seulement d'une concession accordée par le véritable propriétaire, l'Etat. De là vient tout le mal. En effet, un régime de concession n'accorde au bénéficiaire que deux attributs du droit de propriété, l'usus et le fructus, mais pas l'élément essentiel, l'abusus, qui reste aux mains de l'Etat.
Si des entreprises privées, véritablement capitalistes, pouvaient se porter acquéreurs de droits de propriété intégraux sur les forêts tropicales, les conséquences en seraient considérables. Elles seraient incitées à reconstituer et même à développer les plantations car la valeur de leurs terrains dépendrait évidemment de la valeur des arbres susceptibles d'y être coupés dans le futur."

"Quand on regarde une carte de l'évolution des forêts au cours des décennies récentes, il est frappant de constater que leur superficie a augmenté de manière significative dans certaines zones du monde et diminué fortement dans d'autres. Or cette évolution est fortement corrélée au régime juridique : la forêt a progressé là où elle est majoritairement privée, par exemple en Europe ; elle a diminué là où elle fait l'objet d'une propriété étatique, par exemple en Afrique ou en Asie"

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7 février 2008 4 07 /02 /février /2008 15:21

Je souhaite relancer un projet dont l'idée qui m'était venue à la fin du siècle dernier et que j'avais laissé de côté car me sentant trop seul pour le mettre en oeuvre.

Il s'agit de créer une organisation syndicale regroupant des personnes soucieuses de l'intérêt réel des salariés. Je parle d'intérêt réel par opposition à l'intérêt apparent, tel qu'il est défendu, en France, par les organisations syndicales dites "représentatives". Celles-ci prônent, pêle-mêle, la quasi-interdiction de licencier, la hausse continue des salaires, la limitation et la diminution du temps de travail, l'interdiction faite à ceux qui le souhaitent de travailler le dimanche, la multiplication des contraintes imposées aux employeurs, etc..

Parmi les idées de base de cette nouvelle organisation :
- salariés et employeurs ont des intérêts convergents. Ils ont besoin les uns des autres, ils souhaitent être attractifs les uns pour les autres. Entraver leur libre collaboration est immoral, cela ne respecte pas les droits naturels de chaque personne humaine. L'atteinte au "principe de subsidiarité" que constitue cette entrave est injuste et trouble de manière très dommageable l'ordre social.
- la seule véritable sécurité de l'emploi, pour les salariés, c'est celle qui résulterait d'une situation de plein emploi, d'une part, et du respect du droit de propriété des fruits de leur travail, d'autre part.
- le plein emploi ne peut-être obtenu que par le libre marché du travail, où ni l'Etat, ni les syndicats n'interviendraient de manière contraignante, au mépris de la liberté des salariés et/ou des employeurs.
- le droit de propriété des salariés sur le fruit de leur travail, en France, est piétiné : l'Etat y dépense plus de 53% de la richesse produite par les Français et les prélèvements obligatoires y représentent plus de 44% de ladite richesse.

Parmi les thèmes à développer, je suggère :
- le salaire complet (c'est ce que coûte un salarié à son employeur) doit être intégralement versé au salarié, charge à celui-ci de choisir l'assurance sociale qui lui convient ;
- mise en place du "bulletin de paie vérité" dans les entreprise, pour que les salariés prennent conscience du racket dont ils sont victimes ;
- le libre contrat de travail (le code du travail et les conventions collectives cesseraient d'être impératifs et deviendraient supplétifs) ;
- libre concurrence intégrale sur le marché du travail, celui des assurances sociales et de la plupart de ce qui est financé actuellement par l'impôt (dont l'éducation, la santé, ....) ;
- la sensibilisation des chômeurs au fait qu'il leur est interdit de faire librement concurrence aux salariés en poste, dans le secteur public, bien entendu, mais aussi dans le secteur privé (la "sécurité de l'emploi" des uns a pour contrepartie le maintien dans le chômage pour les autres) ;
- la "sécurité de l'emploi" à la française génère un chômage massif, ce qui interdit à la plupart des bénéficiaires de ladite sécurité de changer volontairement d'employeur (quel qu'en soit le motif : souhait de diversifier son expérience, de fuir un patron caractériel, de se rapprocher de son domicile ou d'un être cher..) ;
- fin de l'esclavage des employeurs (actuellement, agents, non rémunérés, du fisc, de l'Insee, de la Banque de France, de la Sécu, .. - passibles de sanctions s'ils s'exécutent mal ou trop lentement) ;
- lutte contre le racket fiscal, qui prive les salariés d'une bonne partie de la propriété du fruit de leur travail ;
- lutte pour le droit des salariés et des employeurs de faire de la discrimination à l'occasion d'une signature de contrat de travail ;
- lutte pour l'abolition des privilèges syndicaux ;
- sensibilisation aux nuisances écologiques entraînées par l'absence de libre marché du travail et par les délocalisations d'usines qui s'ensuivent.

Les moyens financiers de cette organisation proviendraient
- des cotisations des adhérents (minimum très bas) ;
- des dons des particuliers et des entreprises ;
- de la vente de prestations aux salariés et aux entreprises.
Cette organisation refuserait, bien entendu, tout financement public.

 L'idée de cette création est d'investir les lieux de travail pour y faire contrepoids à tous les adversaires de la liberté et autres partisans des privilèges.
Une organisation syndicale a pour cela, outre l'avantage d'avoir droit de cité dans les entreprises, celui de pouvoir être financée par les entreprises, contrairement aux partis politiques (le marché politique est, lui aussi, tout sauf libre : les partis au pouvoir ont compris qu'ils seraient rapidement balayés s'ils ne se finançaient pas avec de l'argent public, fruit de leur racket, et s'ils autorisaient les entreprises à financer des partis concurrents). Cela facilite l'emploi de permanents salariés, ce qui me semble être une nécessité pour mener de façon professionnelle un tel projet.

Je lance un appel à tous ceux qui pourraient m'aider, d'une manière ou d'une autre, à réaliser ce projet. Les besoins sont nombreux, en termes d'idées, de mises en contact, d'actions, ..
Les domaines de compétence concernés le sont aussi : juridique, RH, finances, organisation, marketing, commercial, NTIC, développement, formation, ..

Par avance, merci à ceux qui répondront à cet appel.

 

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4 février 2008 1 04 /02 /février /2008 11:08
Voici un témoignage bouleversant publié initialement sur le site Ladiesroom. Ce texte et les commentaires qui l'accompagnent montrent qu'à l'occasion d'un avortement, si la liberté des enfants à naître n'est JAMAIS respectée, celle de la maman ou du papa ne l'est pas toujours.

Et bien oui, cela parle de l’avortement, et à plus de deux mois de grossesse. J’ai longtemps hésité à poster ça, et puis je me suis dis que peu importe, les gens pourront dire ce qu’ils veulent, parce que personne ne pourra jamais porter un jugement sur moi qui sera pire que le mien. Et si tu veux lire quand même, ça va être long, tu seras prévenue.

Je venais d’avoir dix-sept ans, et mon bac. Et je venais aussi de découvrir que j’étais enceinte. Je ne pouvais pas avoir de bébé, mais je crois qui si mon copain avait dit “Oui” je l’aurais gardé. Mais il a dit “Non”. Je ne voulais pas prévenir mes parents, lui ne voulait pas prévenir les siens. Alors c’est sa marraine qui nous a aidés. Rendez-vous avec la psy du planning familial pour qu’elle donne son accord. Puis j’ai couru chercher mes résultats du bac. C’était le même jour. L’hopital, j’en ai toujours eu peur, et une fois là-bas, comme pour me persuader que je suis vraiment trop jeune pour être mère, tout le monde m’appelle “la gamine”. Mais la gamine elle serre les dents pour ne pas courir vers la sortie. La gamine elle pense à sa mère qui va sûrement la mettre dehors, et son copain la quitter, si elle court vraiment vers la sortie. Deux heures plus tard, c’est fini. Je me sens vide, je me sens horrible.

Ca pourrait être la fin, j’aurais vraiment aimé que ce soit la fin, mais non. Pendant 3 mois tout allait bien, j’avais arrêté de pleurer quand je voyais un bébé, j’étais en grandes vacances, je m’amusais, je mangeais des churros tous le temps, sûrement la cause de mes 3 kilos en plus. Et puis un jour, je n’ai pas eu mes règles. Panique. Non, je ne voulais pas être enceinte à nouveau, et de toute façon, je n’ai jamais oublié ma pilule. C’est juste un retard. Deux jours plus tard, j’ai une montée de lait. J’ai peur, je vais voir sur Internet. Ils disent que peut-être il me reste un bout de placenta qui libère encore des hormones. J’ai peur. Je prends rendez-vous chez la gynéco. Qui pousse un grand cri “Oulala je sais pas de combien, mais c’est 100% sûr, t’es enceinte toi”. Je ne sais pas pourquoi je n’ai plus peur. Je souris. C’est mon bébé, je ne l’ai pas tué, je suis enceinte de 5 mois et maintenant c’est fini, je ne peux plus avorter, personne ne va me dire de tuer mon bébé. Et puis tout retombe d’un coup, parce que chéri, en moins de trois secondes, est sur Internet, pour voir quels pays pratiquent l’avortement à plus de cinq mois. Je le déteste. Nouvel espoir, il n’a trouvé que la Chine. Je me dis que je vais quand même prendre rendez-vous avec la gynéco qui m’avait fait l’avortement, pour voir ce qu’elle a à dire. Je prends mes dernières échos avec moi, c’est un garçon. Elle s’écroule sur son bureau, me plaint, me dit que de toute façon, quoi qu’il se passe je souffrirai beaucoup maintenant. Et là, elle me file la doc sur une clinique espagnole, qui fait jusqu’à 5 mois et demi. “Dépêchez vous” qu’elle me dit. Mais j’ai pas envie de me dépêcher moi, tout ça va trop vite, ça ne fait même pas une semaine. Et puis maintenant je le sens bouger mon bébé, mon fils. Il était beau à l’échographie, pourquoi elle me dit ca?

Et là j’ai compris je crois, à ce moment-là, que ce ne serait pas moi qui prendrait la décision finale. Ce serait les autres, tous les autres, parce que moi, je suis incapable de la prendre. Un bébé à 17 ans, moi qui ai toujours eu de grandes ambitions pour mes études? Ou avorter alors que c’est mon bébé, que je l’aime. Je me dis que de toute façon, ma mère devra le savoir. Alors je lui en parle, un soir, dehors. La première fois que j’ai allumé une cigarette devant ma mère aussi. Et même deux. Elle était sur le point de partir, et la seule phrase que j’entends de sa bouche c’est “Soit, tu vas aller en Espagne”. J’attendais, vous savez, comme dans les films “C’est ta décision et je te soutiendrai”. Mais non, elle est partie déjà. Et moi je n’arrive même pas à pleurer. Parce que les autres ont décidé pour moi. Le lendemain matin quand je me réveille, elle a déjà appelé la clinique. Mes échos sont sur la table, elle leur a donné toutes les mensurations qu’ils demandaient. Elle me dit qu’il ne faudra pas parler de la seconde écho que j’ai eu, celle où ils estiment ma grossesse à deux semaines de plus que la première. Elle a prévenu la mère de mon copain, et elle prend un avion demain depuis les USA, où elle vit. On est samedi. Et je me sens perdue. On est samedi, et je vois aussi sur la table des billets de train pour lundi matin, pour Barcelone. Le rendez-vous, c’est pour mardi qu’elle l’a pris.

Lundi, ça ne va pas bien. Je vois cette ville, et je me dis que c’est donc là que tout va finir. On a deux chambres à l’hôtel. Je suis censée dormir avec ma mère, mon copain avec la sienne. Mais je ne peux pas. Moi je veux dormir avec lui, partager cette nuit avec lui. Pour pouvoir pleurer autant que je veux. Ma mère le prend mal, on vient me dire qu’elle pleure dans “notre” chambre en disant qu’elle n’est pas un monstre quand même, pourquoi je ne veux pas dormir avec elle. C’est trop, je cours. Je ne sais pas où. Et je reviens dans l’hôtel, je me cache dans un des salons. Je vois tout le monde courir en bas pour me chercher dans la rue. Mon copain me trouve, il me gueule dessus. Qu’est-ce que je peux être gamine parfois qu’il me dit. J’ai dormi avec lui ce soir-là, et avec sa mère aussi, parce qu’elle ne connaît pas la mienne et veut rester avec son fils. Si seulement elles avaient su, toutes les deux, à quel point cette nuit-là j’aurais voulu pouvoir pleurer librement. Alors je pleure quand même, mais en silence, la main sur mon ventre, en chuchotant à mon bébé que tout ira bien.

Le lendemain, c’est à la clinique que je dois aller. Ils ne trouvent pas mon nom sur la liste des avortements du jour. Je souris, espoir. Vite mort, ils ont finalement trouvé mon nom. Echographie, pour vérifier le stade de la grossesse. On m’aura au moins épargné l’écran, c’est ma mère qui le voit. Dans la salle d’attente, je crois que 80% des gens sont français, et que 80% sont avec leurs parents aussi, jeunes aussi. Moi, ça ne se voit pas encore, mais certaines ont un gros ventre, j’ai envie de pleurer. Parce que je me rends compte que c’est dans la clinique de la mort que je me trouve. Où on ne tue pas que des bébés, mais aussi le dernier soupçon de bonheur que peuvent avoir toutes ces filles de mon âge. Qui pleurent elles aussi, avec une cigarette dans la main elles aussi, avec leurs parents stoïques à côté elles aussi. On me donne des cachets pour provoquer des contractions, je ne les prends pas. Je les recrache discrètement. Si je dois tuer mon bébé pour eux, au moins je ne les y aiderai pas.

A ce qu’il paraît, la loi c’est que l’on doit vérifier que la fille qui se fait avorter est consciente de son choix, et que c’est le sien. Je me dis que je vais crier au monde que merde, il y a une semaine je ne savais même pas que j’étais enceinte, alors comment je pourrais être consciente de ce qu’il se passe. Mais en fait, les parents assistent aux rendez-vous, qui n’en est pas vraiment un. “Vous êtes sûre que c’est ce que vous voulez ?”. Silence. Je ne veux pas répondre. Regard glacé de ma mère. “Oui”. Et voilà, le rendez-vous avec la psy est fini. Maintenant on me change, ça parle espagnol de partout. Je panique. Je demande à ressortir, pour aller voir ma mère. On me dit que je peux, mais vite alors. Je cours dehors, je pleure, je supplie, je ne peux pas faire ça. Je le sens bouger, je veux rentrer à la maison, je trouverai un moyen. “C’est rater ta vie que tu veux ? Tu retournes là-bas et plus vite que ça”, qu’elle me dit. Je vois trouble, j’ai trop pleuré. Je regarde autour de moi. Personne ne me regarde, tout le monde pleure ici de toute façon. Alors j’y retoune, en tremblant, en serrant mon ventre aussi. On me fait me lever, on m’emmène au bloc. On me dit d’écarter les jambes, de compter jusqu’à trois.

Je me réveille. Je regarde mon ventre. Où est-ce qu’ils ont mis mon bébé? Il est où? On me lève, je suis encore dans le même bloc. Je finirai mon réveil dans ma “chambre”, qui est en fait un lit dans le couloir. Parce qu’ici c’est à la chaîne, il n’y a pas de salle de réveil. On me met un genre de couche, on me dit d’appuyer pour que le sang sorte. Et mon bébé il est où? Je suis assez réveillée pour tenir debout maintenant, mais pas pour marcher. Qu’à cela ne tienne, on me portera. Mon copain et sa mère sont arrivés à la clinique maintenant. Il me prend par les bras, m’aide à marcher, m’emmène dehors. Vers la gare, parce que le retour c’est dans trois heures. Et il est où mon bébé? Je connais la réponse, mais elle ne me convient pas. Alors je me tais, je ne pleure pas, l’ansthésie aidant surûement, et je monte dans le train. Lorsque les derniers effets de l’anesthésie s’estompent, je suis déjà en France. On me propose de jouer à la belote pendant le reste du voyage, ils me prennent pour une conne ou quoi ? Mais je joue quand même à la belote. La mère de mon copain m’emmène dans un wagon, elle me parle comme elle peut, dans son français plutot mauvais. C’est la première personne qui m’écoute vraiment, qui me parle vraiment, depuis une semaine. Elle me dit qu’elle m’a acheté du fer, parce que je vais perdre beaucoup de sang, et que le fer c’est bon pour moi. Elle me regarde et je vois dans ses yeux qu’elle, elle comprend.

De retour dans mon appart avec mon copain et sa mère. Elle prend soin de moi. Elle me fait à manger. Elle me laisse pleurer. Elle a compris que je ne veux pas sortir, non, je ne pourrais pas voir un bébé ou une femme enceinte, ce serait au-dessus de mes forces. Ma mère elle est rentrée chez elle, elle n’a pas appelé. La vie reprend son cours, mais pas pour moi. Pourquoi ils font des pubs avec des bébés à la télé? Est-ce qu’ils se rendent comptent que pour moi, c’est cruel ? Que j’ai envie d’aller aux toilettes juste après, comme par hasard. Que je saigne toujours, littéralement.

Mais je crois que le pire ce fût deux semaines plus tard, chez ma mère, dans la voiture. Qui me dit “Hier au marché, j’ai vu un nouveau-né. Et tu sais, même pour moi c’est dur de ne pas y penser”. Elle n’aurait pas été ma mère, je l’aurais tuée.

Trois ans plus tard, elle ne pleure plus. Mais moi, je ne peux toujours pas voir un nouveau-né sans penser au mien, qui ne naîtra jamais.

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1 février 2008 5 01 /02 /février /2008 06:52
Nous avons appris ces derniers jours que Xavier Bertrand avait décidé d'obliger les entreprises à payer les stagiaires, au minimum 30% du SMIC, dès le premier jour de stage, pour les stages durant au moins 3 mois. Cette mesure est jugée tout à fait insuffisante par certains, à commencer par le collectif "Génération Précaire".
Voici un nouvel exemple de dirigisme, d'étatisme, d'atteinte à la liberté. Il n'est pas besoin d'être devin pour prévoir ce qui va se passer :
- les candidats stagiaires ne vont plus trouver que des stages inférieurs à 3 mois ;
- le gouvernement va donc décider d'abaisser la barre à une mois, puis à une semaine, puis à un jour ;
- les candidats stagiaires ne trouveront alors plus le moindre stage, hormis dans l'entreprise de Papa ou de Tonton ;
- le gouvernement instituera une "taxe stagiaires", comme il la fait par le passé pour les apprentis, les handicapés, la formation, etc .. Les entreprises devront payer cette taxe (assise sur la masse salariale), dont elle pourront déduire les gratifications versées à leurs stagiaires. Une nouvelle usine à gaz aura progressivement été instituée. Les entreprises, de plus en plus asphyxiées, continueront à se délocaliser, ce qui scandalisera tout un tas de bonnes âmes.

Quand donc nos concitoyens comprendront-ils que le libre marché est le meilleur moyen de satisfaire les besoins ? Que c'est une injustice de vouloir empêcher un stagiaire et une entreprise de signer librement une convention qui les satisfait tous les deux, au motif qu'il y aurait un "abus" de la part de l'entreprise ?
Tout ceci est expliqué en long, en large et en travers par les économistes libéraux, mais aussi, dans le compendium de la Doctrine sociale de l'Eglise catholique (voir le paragraphe 347, par exemple, ou le 186).

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28 janvier 2008 1 28 /01 /janvier /2008 17:51
Voici un article de Nicolas Lecaussin, excellent (comme la plupart des articles de cet auteur) à mon humble avis. Il peut être trouvé sur le site de l'IFRAP. Je le reproduis ci-dessous.

« Plus de contrôles », réclament à cor et à cri les ennemis - souvent circonstanciels – de la Bourse et des marchés financiers après l’histoire invraisemblable de la Société générale. Mais il existe déjà l’AMF (l’Autorité des Marchés Financiers) et ses hauts fonctionnaires (autres inspecteurs des finances), l’Observatoire des marchés, les hauts fonctionnaires de la Banque de France qui se sont d’ailleurs empressés de disculper M. Bouton… Accuser les marchés financiers et le capitalisme ? Mais il y a déjà eu de nombreuses crises dans le passé et aussi d’événements heureux suite à des crises financières. Qui se souvient que le dictateur indonésien Suharto qui vient de mourir fut justement renversé suite à une crise financière en 1998 ?

Bizarrement, les médias se sont étonnés de ce désastre de la Société générale mais aucun n’a rappelé les catastrophes bancaires des années 1980-1990 faites par nos énarques et inspecteurs des finances. Il faudrait mentionner, en plus des 100 Mds perdus par le Crédit lyonnais et remboursés par les contribuables français, le désastre du GAN, celui du Crédit Foncier de France, des Assurances générales de France (2 Mds de pertes), le scandale de la BERD avec Jacques Attali à sa tête, de la banque Worms (14,9 Mds de pertes soit 8 fois les fonds propres de l’établissement), du Crédit Foncier de France (10, 8 Mds de francs de pertes), de la Compagnie financière du crédit (10,8 Mds de pertes), de l’UAP (Union des Assurances de Paris) dirigée par Jacques Friedmann (2 Mds de francs de pertes) et de bien d’autres banques et autres établissements financiers.

Entre 1989 et 1999, la valeur ajoutée de nos banques a reculé de 27 % en francs constants alors qu’elle augmentait de 39 % au Royaume-Uni et de 50 % aux Etats-Unis. Le secteur bancaire apparaît alors comme l’un des plus mal géré de l’économie française (entre 1997 et 1998, environ 900 Mds de francs ont été perdus dans les opérations de change). Les hauts fonctionnaires qui se sont succédés à la direction ou au conseil de la Caisse Française de Développement (maintenant AFD) n’ont pas fait mieux en perdant plus de 50 Mds en Afrique tout en détruisant les économies locales. Et le dénominateur commun de toutes ces pertes c’est qu’elles ont été faites sous la coupe de dirigeants issus du sérail de l’ENA, de l’Inspection des finances ou du Conseil d’Etat.

C’est aussi le cas Daniel Bouton, président de la Société générale, énarque, inspecteur des finances, ancien directeur de cabinet d’Alain Juppé, immédiatement couvert par ses copains de la Banque de France qui ont refusé sa démission. Faut-il rappeler que les dirigeants de la Citygroup et de Merrill Lynch ont démissionné suite à des pertes de bien moindre importance  subies par leur banque et que leur responsabilité pénale personnelle a été engagée.

Nicolas Lecaussin

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20 janvier 2008 7 20 /01 /janvier /2008 22:39
Utilisateur habituel d'Amazon pour l'achat de livres, de CD, ce DVD, j'ai reçu récemment de cette société le mél ci-dessous. J'invite les visiteurs de mon blog à soutenir Amazon dans sa lutte pour conserver la liberté de ne pas faire payer à ses clients le port des livres commandés par ces derniers.
Je trouve scandaleuse la loi Lang sur le prix unique du livre, qui interdit aux clients de faire jouer la concurrence pour faire baisser le prix des livres (au-delà de 5%). Sous la pression de la corporation des libraires, voici une nouvelle tentative pour restreindre la liberté des clients : sachons la combattre !

 
Cher client d'Amazon.fr,

Aussi incroyable que cela paraisse, la livraison gratuite chez Amazon.fr est menacée. Amazon.fr est en effet condamnée au paiement d'une amende de 1 000 euros par jour parce qu'elle propose la livraison gratuite de livres à ses clients. Cette amende est le résultat préliminaire d'une action en justice intentée par un syndicat de libraires. Nous avons choisi de faire appel de cette décision et de payer l'amende afin de pouvoir continuer à offrir la livraison à nos clients.

Les poursuites de ce syndicat ne sont ni plus ni moins qu'une tentative cynique d'éliminer la concurrence d'Amazon.fr. L'argumentation juridique du syndicat s'appuie sur la loi Lang, qui limite les réductions de prix sur les livres proposées par les détaillants. L'ironie de cette tactique est que la loi Lang a pour but de préserver la diversité de la création culturelle et de donner aux libraires les moyens de proposer une large sélection de livres, et pas seulement les best-sellers.

Or Amazon.fr, qui pratique déjà la remise maximale sur les livres autorisée par la loi Lang, met à votre disposition la plus vaste offre de livres en français disponibles dans le monde, qu'ils soient neufs ou d'occasion, et quels que soient la renommée de leurs auteurs et le prestige de leurs éditeurs. Aussi, la tentative injustifiée du syndicat de supprimer la livraison gratuite n'aurait qu'une seule conséquence : vous devrez payer plus cher pour acheter vos livres. Et cela constituerait un cas unique : la France serait ainsi le seul pays au monde où la livraison gratuite pratiquée par Amazon serait déclarée illégale.

Nous avons donc besoin de votre aide.

Vous pouvez faire entendre votre voix dans ce combat pour la livraison gratuite. Nous avons créé une pétition en ligne que nous vous invitons à signer :
Pétition en ligne

Nous offrons également aux clients la possibilité de débattre librement de ce sujet dans un forum de discussion où de nombreuses personnes partagent déjà leur opinion sur les rabais et la livraison gratuite pour les livres :
Forum de discussion

D'avance merci pour votre aide et votre soutien,

Jeff Bezos,
Fondateur et Président Directeur Général
Amazon

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18 janvier 2008 5 18 /01 /janvier /2008 09:52
Dans un article précédent, je vous invitais à lire un texte de Jean-Yves Naudet intitulé "Commerce équitable et juste prix".

Je conseille aujourd'hui à ceux que le sujet intéresse d'aller écouter, sur Lumière 101, l'exposé de François Guillaumat et Georges Lane : "
L'escroquerie morale du commerce équitable". Ils trouveront également à la page indiquée des liens vers d'autres articles abordant le même thème.

Je termine par une observation : je vois une contradiction entre les tenants des thèses du "commerce équitable", d'une part, et ceux du "scandale des délocalisations", d'autre part. Pour les uns, le libre marché mondial défavorise les producteurs des pays pauvres, en ne leur assurant pas un revenu correct. Pour les autres (souvent, les mêmes !), le libre marché mondial favorise les producteurs des pays pauvres en leur donnant un avantage injuste par rapport à leurs concurrents des pays développés.

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15 janvier 2008 2 15 /01 /janvier /2008 23:33
undefinedDimanche 20 janvier 2008, à partir de 14:30, se déroulera la "Marche pour la vie", de la place de la République à la place de l'Opéra. Cette manifestation réunit chaque année, depuis 2005, environ 10 000 personnes qui défendent le droit à la vie pour tous les êtres humains, notamment pour les enfants à naître.
En tant que libéral et catholique, je soutiens cette intiative. Je suis en effet sensible à l'injustice que subissent chaque année, en France, 210 000 enfants à naître empoisonnés ou déchiquetés dans le ventre de leur mère. Je crois que le droit à la vie est un droit naturel de chaque personne humaine.

Vous trouverez sur le site de la Marche pour la vie 7 idées pour préparer la marche 2008, des indications pour vous y rendre, la vidéo des marches 2006 et 2007.

Six évêques (de France !) ont déjà annoncé leur soutien à la Marche pour la Vie. Il s'agit de Mgr Bagnard, de Bellez-Ars, Mgr Cattenoz, d'Avignon, Mgr Centène, de Vannes, Mgr Rey, de Fréjus-Toulon et Mgr Fort, d'Orléans, Mgr Gilbert Aubry, de Saint-Denis de la Réunion.


Unarticle de La Croixparle de la Maison de Tom Pouce, en Seine-et-Marne : depuis 17 ans, elle accueille des femmes enceintes en difficulté.

Un article publié parLiberté Politique, "En Italie, une proposition de moratoire sur l’avortement bouleverse les perspectives", est encourageant, quant aux progrès de la culture de vie.

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